Journal d'un pangolin en vacances 22

Putain la baston ! Super, cette fête de la musique 2020 ! On se serait cru au  concert des Rolling Stones à Altamont en 1969 (voir le film Gimme Shelter). À l'époque, le service d'ordre était assuré par des Hell's Angels défoncés aux amphétamines, au LSD, au sécobarbital et au vin rouge (vive la France !), armés de queues de billards et de chaînes de moto. Ils s'en prenaient surtout aux afro-américains (on était pourtant en pleine période peace and love...). Il y eut quatre morts, dont un noyé (Jack Lang a demandé qu'on dédie cette fête de la musique à Steve Maia-Caniço).

Jack Lang, justement, le Keith Richard en papier, président de l'Institut du monde arabe s'est creusé la tête pour savoir comment réunir physiquement des amoureux de la musique tout en respectant les règles sanitaires. Sur le parvis, des vagues successives de 500 spectateurs ont enchaîné les karaoké assis, autour de tables de 10, espacées de 3 mètres, face à une scène où un animateur proposait des morceaux de rap et de pop arabisante.

Le ministre de la Culture Franck Riester, était content : "On peut célébrer la musique en gardant les distances et en étant prudents". Il s'est  rendu sous bonne escorte à l'Institut du monde arabe. 

Oui, mais il en faut pour tous les goûts. On peut aimer la musique et la baston ! J'ai une proposition !

Au Brésil, au XVIIème siècle, les esclaves ont inventé la baston musicale, la capoeira. Les premiers capoeiristes s'entraînaient à lutter en faisant semblant de jouer. Quand les colons approchaient, le côté agressif était camouflé par la musique et les chants, le combat se transformant en une sorte de danse acrobatique qui trompait leur méfiance.

Je me vois déjà président d'un Institut du monde brésilien ! "Si vous m'élisez, il y aura de la musique et, en même temps, de la baston…"