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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Journal d'un pangolin en vacances 31

Ah, que ne suis-je Bossuet pour prononcer l'oraison d'Hermine de Clermont-Tonnerre et retrouver son éloquence :

"Que ceux-là craignent de découvrir les défauts des âmes saintes, qui ne savent pas combien est puissant le bras de Dieu pour faire servir ces défauts non seulement à sa gloire, mais encore à la perfection de ses élus. Pour nous, mes Frères, qui savons à quoi ont servi à saint Pierre ses reniements, à saint Paul les persécutions qu'il a fait souffrir à l'Eglise, à saint Augustin ses erreurs, à tous les saints pénitents leurs péchés, ne craignons pas de mettre la princesse Marie-Hermine dans ce rang, ni de la suivre jusque dans l'incrédulité où elle était enfin tombée. C'est de là que nous la verrons sortir pleine de gloire et de vertu, et nous bénirons avec elle la main qui l'a relevée. Entrons encore plus profondément dans les voies de la divine Providence, et ne craignons pas de faire paraître notre princesse dans les états différents où elle a été. Jamais plante ne fut cultivée avec plus de soin, ni ne se vit plus tôt couronnée de fleurs et de fruits que la princesse."

Et en effet, Marie-Hermine Antoinette, bien que née deux ans avant, sut échapper à la mauvaise influence de Mai 68 sur certaines âmes bien nées. Ainsi qu'elle le confiait à Libération : "Je ne suis pas socialiste dans l'âme. Je suis pour que tout le monde voyage en première classe, pour qu'on donne deux fois plus aux gens qui sont en bas. Mais chacun à sa place. On ne va pas demander à un balayeur de diriger la collection de John Galliano."

J'ai bien conscience de chatouiller les âmes sensibles, mais je ne peux m'empêcher d'ajouter ce passage de son traité du Savoir-vivre au XXIème siècle à propos des nounous : "Nurse grand chic ou clandestine sans papiers, il convient de traiter la dame qui prendra soin de vos enfants avec un égal respect. Engager une nounou, c'est comme se retrouver soudain à la tête d'une petite entreprise. Il faut que la boîte tourne, et d'autant plus que le bilan serait plus grave que dans une multinationale, puisqu'il s'agit du bien-être de nos enfants."

Peut-on échapper à ses origines familiales ? Le doit-on ? N'est-ce pas sur ces bases qu'on construit souvent les artifices de sa renommée ? Quelques autres illustres ne s'en sont pas privés : je pense notamment à mon boucher, M. Sanzot qui compte de beaux quartiers de noblesse qu'il sait faire valoir pour le plus grand bonheur de ses clients. 

Marie-Hermine connut une enfance traditionnelle au château, des études au pensionnat, un père colonel chez les paras, une mère sévère, cavalière émérite, qui avait la cravache avisée pour débourrer sa fille – "J'en garde quelques souvenirs cuisants", dira-t-elle un jour… et peut-être émouvants car, fantasme ou pas, j'ai toujours associé sa personne à certaines perversions qui stimulent les échanges amoureux et dont la Grande Catherine était friande.

Je l'ai ainsi vue se rafraîchir les pieds dans la glace que des admirateurs complaisants lui avaient apportée dans des seaux à champagne. C'était peut-être à Longchamp lors d'une de ces journées qu'on dit "bien arrosée". Je crois même que l'un d'entre eux s'agenouilla pour rendre l'hommage qui sied à une Princesse.

J'en ferais presque une Amazone, elle qui participait chaque année au Rallye des Gazelles. Une façon pour elle de satisfaire sa passion pour la vitesse et les grosses cylindrées. En ce sens, elle a toute sa place dans la longue lignée de ses ancêtres, ayant troqué le cheval pour la motocyclette.

Hermine de Clermont-Tonnerre est morte un mois après son tragique accident de moto, à l'hôpital du Kremlin Bicêtre.

"Vous avez perdu ces heureux moments où vous jouissiez des tendresses d'une mère qui n'eut jamais son égale; vous avez perdu cette source inépuisable de sages conseils; vous avez perdu ces consolations qui, par un charme secret, faisaient oublier les maux dont la vie humaine n'est jamais exempte. Mais il vous reste ce qu'il y a de plus précieux : l'espérance de la rejoindre dans le jour de l'éternité, et en attendant, sur la terre, le souvenir de ses instructions, l'image de ses vertus et les exemples de sa vie."

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