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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Le maire prend ses distances

Le Point, relayant un article de La Première, nous raconte l'histoire d'un maire qui gère sa commune à 18 000 km de chez lui. Parti pour des vacances auprès de sa compagne en Nouvelle-Calédonie, le maire de Guignecourt (Oise) n’est toujours pas revenu, quatre mois plus tard. "Malheureusement, ma femme a perdu ses deux parents en métropole, elle est partie pratiquement un mois, moi, je suis resté en Nouvelle-Calédonie pour garder les chiens, explique Philippe Desirest. Depuis, elle est revenue, on a engagé la procédure de vaccination contre le Covid-19, et ça nous mène déjà au 5 mai."

Philippe Desirest assure être en contact régulier avec son conseil municipal. "Je travaille beaucoup en visioconférence, j'ai même fait une réunion de conseil municipal pour approuver le budget. Je suis en relation quotidienne avec ma première adjointe, qui gère le quotidien de la commune, et ma secrétaire de mairie."

La distance ne semble pour le moment pas le gêner : "Ça se passe très très bien comme ça, j'ai des contacts réguliers avec mes conseillers. Je n'ai aucune obligation de quitter mon poste". Il s'est par ailleurs lancé, en parallèle de sa quatrième mandature, dans un projet professionnel lié à de la haute technologie en Nouvelle-Calédonie. 

On voit apparemment que M. Desirest se plie avec bonheur aux injonctions gouvernementales sur le télétravail. Mais ce bonheur apparent ne cache-t-il pas une blessure profonde ?

Je ne voulais pas faire un jeu de mot facile. En règle générale, je me l'interdis. Mais dans le cas présent, y résister serait faire preuve de prétention. Ce maire, n'essaie-t-il pas de se faire désirer ? On a beaucoup parlé de la désaffection des Français pour leurs élus, les maires étant, malgré tout, les moins affectés par ce désamour. Il n'en reste pas moins que ces derniers deviennent de plus en plus exposés à des actes d'incivilité qui vont parfois jusqu'aux voies de fait.

La tentation de démissionner est donc grande chez certains d'entre eux. La solution originale trouvée par M. Desirest mérite de retenir l'attention.

On pourrait même élargir le débat en diversifiant les lieux de villégiature autorisés. Je pense aux îles Caïmans, aux Bahamas, à Pananama et même à Jersey ou Guernesey, pays qualifiés parfois de "paradis fiscaux" sans que ce qualificatif fasse l'objet d'une analyse dépassionnée, dépolitisée… et défiscalisée.

Pour en revenir à M. Desirest, ne conviendrait-il pas de prendre sérieusement en compte ce signal de détresse en creux qu'il nous envoie, telle une bouteille à la mer, depuis les rivages de ces îles perdues (je veux dire presque perdues pour la France) ? Ses propos qui se veulent réconfortants ne peuvent en effet faire oublier la souffrance des milliers de maires qui n'ont pas eu le courage de s'expatrier ou qui sont prisonniers d'une conception dépassée du service public.

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