Être ou ne pas être vacciné, that is the question.

On s'inquiète beaucoup en France de la baisse du niveau scolaire. Qu'on se rassure : cette baisse concerne aussi l'Angleterre. Leslie Lawrenson, un Britannique de 58 ans, avocat, diplômé de Cambridge, s’était réjoui sur les réseaux sociaux d’attraper le Covid-19 pour éviter de se faire vacciner. Il est décédé quelques jours plus tard chez lui. Ses diplômes pas plus que sa situation financière ne l'ont sauvé. Leslie n'était ni un pauvre ni un attardé scolaire et pourtant son comportement l'en rapprochait. En effet, plus on est pauvre et plus on adopte des comportements à risque, de la cigarette à la drogue en passant par l’endettement. L'alimentation est moins saine, on fait moins de sport, on boit davantage d’alcool.

Quel est le point commun entre fumer des cigarettes et s’endetter, me direz-vous ? Je vous réponds bien volontiers : une préférence pour le court terme. Fumer procure un bénéfice immédiat mais comporte des coûts lointains, le cancer notamment ; s’endetter permet de subvenir à des besoins présents mais implique des coûts futurs (même si on a l'intention de ne pas rembourser ses prêts à la consommation, on est toujours sous la menace d'une sanction). On ne devient pas pauvre on l'est dès le plus jeune âge non pas du fait de sa position sociale mais du fait de ses dispositions psychologiques. Des expériences ont montré que tous les enfants ne montrent pas les mêmes capacités à différer la satisfaction immédiate : certains préfèrent recevoir 10 euros le jour même plutôt qu'attendre un mois pour recevoir 100 euros. Il se trouve que ceux qui auront attendu auront de meilleures situations et de meilleurs revenus à l'âge adulte indépendamment de leur origine sociale. Le caractère pourrait ainsi déterminer une aptitude à la pauvreté. Mais il est vrai aussi que le pauvre vit dans un environnement incertain où l'avenir n'a pas sa place. Il est exposé au chômage, à la criminalité, aux maladies. Il n'a pas les moyens de déménager, le temps de se former. S’abandonner aux plaisirs de la malbouffe est d’autant plus attractif que la perspective de vivre vieux et en bonne santé est faible.

Leslie jugeait le vaccin "expérimental". Il risquait donc en se faisant vacciner de tomber malade alors qu'il était en bonne santé. Le bénéfice immédiat (la santé actuelle) était apparemment, pour lui, plus certain que le risque lointain (les éventuels effets secondaires du vaccin). Ou encore les bénéfices à long terme (protection contre le Covid) étaient moins évidents que le risque à court terme (le Covid tue moins que la peste). Supposons, à l'inverse, qu'il ait été atteint d'un cancer du pancréas (l'espérance de vie après le diagnostic est de 5 à 6 mois) et qu'un professeur Raoult anglais lui ait proposé un traitement révolutionnaire à base d'anis étoilé et de Guinness, censé le guérir en deux jours. Pensez-vous qu'il aurait refusé ?

Sa grande instruction ne l'a pas protégé et même peut-être desservi car, le plus souvent, on est très instruit dans un domaine très étroit. Malheureusement, quand on est diplômé, qui plus est de Cambridge, on se croit savant en tout et on n'a qu'une envie… celle de le montrer. Quelle meilleure occasion que le Covid pour railler ceux qui préfèrent ne pas tenter le diable en offrant leur corps au virus plutôt qu'à la science. Molière avait peut-être des raisons de s'en prendre aux médecins de son époque. Mais pour qui sait lire autre chose que des tweets et réfléchir sans baver devant YouTube, la médecine a fait d'énormes progrès depuis. Le pire est que cette pseudo-élite impose son ignorance diplômée : "Il était très instruit… Alors quand il me disait quelque chose, j’avais tendance à le croire", avoue sa femme confite en dévotion. 

Alors, si vous avez le choix, préférez Oxford à Cambridge. Outre qu'elle est la plus ancienne des universités britanniques, elle vient de perdre la traditionnelle course d'aviron qui l'oppose à Cambridge depuis 1829. En somme, le choix de la sagesse et de la modestie.