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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Peigner la girafe ou peindre le pont

Je me demandais pourquoi les artistes d'aujourd'hui privilégiaient l'art éphémère. J'ai cru, naïvement, qu'ils avaient tellement honte de ce qu'ils faisaient qu'ils préféraient qu'on les expose le moins longtemps possible. Et bien, j'avais tout faux. À l'heure où la consommation fait loi, ils ne pouvaient se tenir à l'écart des techniques commerciales les plus juteuses. L'important pour une société, c'est de fidéliser le client. Ce qui compte, c'est moins le bien vendu que les services qui lui sont liés et qui s'égrainent, eux, tout au long de sa durée d'utilisation. Pensez un peu à ce que vous coûte votre voiture en entretien et en réparations (ou les contrats d'assurance chez Darty). Et bien, imaginez maintenant un Léonard de Vinci formé aux techniques du marketing : il se serait arrangé pour convaincre ses mécènes qu'il valait mieux peindre la Joconde sur un trottoir (comme ces artistes qu'on voit parfois, à quatre pattes, dessiner avec des craies). Il aurait pu prétendre, par exemple, que c'était une avancée démocratique (quoi qu'à l'époque, le concept ne devait pas séduire grand monde…) et qu'il fallait, bien entendu, qu'ils signent un contrat d'entretien puisque son œuvre subirait les dommages dûs aux intempéries et aux passants. 

Et bien, à Nantes, des artistes regroupés sous le label The Feebles (je croyais que ça se traduisait par "flibustiers" mais apparemment c'est plutôt "faible, frêle, débile"... quelle ironie !) ont dépassé le maître. Ils ont badigeonné la piste cyclable du pont Willy-Brandt avec des à-plats de couleur. La mairie, considérant sans doute que les pneumatiques de vélo avaient trop de respect pour l'art, a décidé de rénover la chaussée en y déversant une marée de goudron. Les artistes l'ont appris par Ouest-France ! Ce qui les surprend en fait, ce ne sont pas les travaux mais le moment choisi : "On n’était pas au courant, on ne nous avait pas donné de date".

Ouest-France nous rassure sur le respect des termes du contrat. "La peinture, commandée par le Voyage à Nantes (Van), fait partie du catalogue des œuvres pérennes. Elle devrait donc être repeinte, "probablement au mois de novembre", selon le Van [toujours ces acronymes à double sens...]. Pour les deux autres ponts nantais qui accueillent des œuvres similaires de The Feebles, ils restent en l’état." Horreur ! Mais que fait la police de la Culture ?! "Il y a moins de certitudes quant à leur longévité, puisque de grands chantiers y sont attendus pour permettre le passage du tramway." Je n'avais pas lu jusqu'au bout… Ah ! les malins… "J'aurais voulu être un artiste…"

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