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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Tu ne tueras pas ton (plus) que prochain

Frère Emmanuel rêve maintenant de se glisser dans les habits du pape. Il s'est prononcé samedi 9 octobre, urbi et orbi, en faveur de "l'abolition universelle" de la peine de mort. Notre républicain Pontife a prévenu que la France repartait au combat contre cette "honte de l’humanité" (selon Badinter, son directeur de conscience). Macron Ier a rappelé que 483 exécutions avaient été recensées dans le monde en 2020 qui sont "483 meurtres d’État administrés par 33 régimes politiques qui ont pour la plupart en commun un goût partagé pour le despotisme, le rejet de l’universalité des droits de l’homme". L'équation est posée : peine de mort = despotisme (inversement : abolition = démocratie).

Je croyais benoîtement que cette croisade s'appuyait sur le fameux commandement du Décalogue : "Tu ne tueras point". Mais à bien y réfléchir, cette prescription est trop vague. On voit mal en effet comment elle pourrait se cantonner à la justice… pourquoi ne pas abolir aussi la légitime défense, la guerre, l'avortement, l'euthanasie, la conduite automobile ? Il est d'ailleurs curieux que les religions monothéistes aient maintenu ce commandement à leur catalogue, elles qui furent des exterminatrices devant l'Éternel. À mon avis, il faudrait circonscrire l'injonction afin qu'elle devienne plus tolérable pour les âmes tourmentées : "Tu ne tueras point ton coreligionnaire (ton plus que prochain) mais tu extermineras tous les autres". C'est ainsi que la comprenaient nos ancêtres lors de ces croisades à répétition dont ils ont honoré la chrétienté. Car qu'y a-t-il de plus criminogène qu'une religion ? Le nazisme ? L'extermination des Indiens d'Amérique du Sud n'a rien à envier à celle des juifs, compte tenu des progrès de la technologie mise au service du génocide. Si on s'interdit de les comparer c'est parce qu'on juge ces criminels sur leurs intentions et non sur leurs actes. Ce qui permet d'exonérer, par la même occasion, le communisme puisqu'il tuait pour faire advenir un monde sans crimes. Quant à l'islam, c'est un peu comme pour les volcans. Avec l'âge, ils s'aplatissent. Les religions, elles, s'affadissent, perdant lentement leur verdeur assassine. L'islam étant la plus jeune des religions monothéistes, se trouve encore dans la force de l'âge. Elle estime, en outre, qu'elle doit combler son déficit de crimes par rapport à ses aînées. Le sang risque encore de couler pendant un certain temps.

Badinter, l'âme élue de Macron, s'est illustré dans la défense de l'indéfendable, c'est-à-dire des criminels par nature et non par circonstances. Alors que l'argument des abolitionnistes est l'irréversibilité de l'erreur judiciaire, la culpabilité des criminels qu'il a défendus ne faisait aucun doute. Le crime était à chaque fois avéré avec la circonstance aggravante de la récidive, donc une persévérance assumée dans le crime. J'en conclus que cette façon de persévérer dans la défense de l'indéfendable est une façon de se distinguer des bouseux qui réclament une justice simple et efficace. Plus le crime est abject, plus il révolte l'opinion et plus Badinter y voit l'occasion de montrer sa distinction morale. Il faudrait créer pour lui seul, une Légion d'horreur (j'espère que Macron y songe). À les entendre tous deux, l'abolition de la peine de mort est la marque des grands esprits, des grandes nations. Ce qui n'empêche pas ces dernières d'aller faire des guerres préventives (à l'étranger ou sur leur sol) contre le terrorisme. Je n'ai pas l'impression que quiconque veuille, dans ce cas, abolir la mort de nos ennemis (c'est l'ennemi qu'on abolit, comme on l'a toujours fait dans notre Histoire).

Ces préventions de demoiselles se retrouvent à propos de l'euthanasie.

Aux États-Unis, pays le plus à la pointe de la raison, l'euthanasie après un diagnostic prénatal "fait débat". Comme le résume un anti-avortement, cela équivaut au "meurtre délibéré d’enfants handicapés en raison de leur handicap". Il faut comprendre : embryon = enfant.

Six États – Mississippi, Missouri, Dakota du Nord, Ohio, Dakota du Sud et Tennessee – interdisent l’avortement sur la base d’un diagnostic génétique de handicap et d’autres, comme la Floride, ont tenté de telles interdictions.

Dans des États comme l’Arizona, le Minnesota et l’Oklahoma, les femmes demandant un avortement parce que leur bébé va mourir dans les heures ou les jours suivant sa naissance doivent être informées de l’existence d’un service de soins palliatifs périnatals, qui peut les inciter à accoucher d’un bébé présentant une anomalie létale. Dans quelques États, il est même interdit aux médecins de mentionner l’avortement comme option lorsque les femmes apprennent que leur fœtus présente un handicap grave. Et comme le résume un militant conservateur, "même si la loi est difficile à appliquer, elle vaut la peine d’être adoptée. Il est important pour un État de montrer qu’il ne soutient pas l’eugénisme." Ce militant a au moins le mérite de révéler la vraie morale de l'histoire : pouvoir se présenter à l'heure du Jugement dernier avec une conscience nette et sans bavures. Même si les paroles n'ont pas été suivies d'actes (et parmi eux, paradoxalement, l'assassinat de ceux qui ont favorisé un avortement, y compris le chauffeur de taxi qui a conduit la patiente à l'hôpital), les intentions étaient manifestes.

Aux États-Unis, environ 2 à 3 % des grossesses sont affectées par une anomalie héritable ou congénitale. Parmi celles-ci, un nombre important aboutit à un avortement. Lorsque les parents sont porteurs de la mucoviscidose, ils interrompent les grossesses dépistées positives à cette maladie dans 95 % des cas. Dans les pays développés, les fœtus diagnostiqués avec un spina-bifida sont avortés dans 63 % des cas, comme 83 % des fœtus diagnostiqués avec une anencéphalie. En ce qui concerne la trisomie 21, les États-Unis ont l’un des taux d’IVG les plus bas, soit 67 %. Mais dans d’autres pays développés, ce taux dépasse couramment les 90 % .

Une étude de 2019 révélait que 22,6 % des femmes opposées à l’avortement changeaient d’avis une fois confrontées à des complications médicales. Et oui, il n'est pas donné à tout le monde d'assumer jusqu'au bout ses convictions. C'est pour ça qu'on a inventé les saints. On sait qu'ils existent, mais personne ne veut les imiter. Ils nous déchargent de notre mauvaise conscience en cas de besoin.

De nombreux arguments contre l’eugénisme exploitent le sophisme de la pente glissante, à savoir que la classification de certains troubles et attributs personnels comme désirables ou indésirables conduira inévitablement au mauvais traitement des personnes handicapées ou au génocide. Or cela n’est arrivé ni au Danemark et ni en Israël, où l’État prend en charge les tests prénatals, les avortements en cas d’anomalie du fœtus et offre de généreuses allocations à leurs citoyens handicapés.

Nous y revoilà ! Le spectre du nazisme plane à nouveau sur nos têtes ! Puisque les nazis ont pratiqué l'euthana(z)ie (ça y est, je me prends pour Lacan !... les nazis m'auraient euthanasier comme fou) alors tout pays qui autorise l'euthanasie basculera vers le nazisme. Pourtant, les Grecs n'euthanasiaient-ils pas les nourrissons qu'ils estimaient ne pas répondre à leurs critères d'excellence ? Or, on les présente comme nos pères spirituels !... "en même temps", j'ai du mal à imaginer que des Grecs aient pu nous servir de modèles… quelle déchéance c'eût été ! Sans doute n'ont-ils existé que dans l'imagination de poètes dionysiens...

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