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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

On peut rire de tout mais pas face à n'importe qui

J'ai reçu l'avertissement suivant : "On peut rire de tout mais pas face à n'importe qui !" Ça m'a fait réfléchir et je me suis dit que, pour ma propre sécurité, le mieux serait encore de rire "avec" les islamistes... Et par chance, ils se donnent en spectacle depuis le 8 septembre 2021 à la cour d'assises spéciale de Paris. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça vaut le Jamel Comedy Club, mais bon, soyons indulgents, ce sont des amateurs. Je rappelle le contexte : ils sont soupçonnés d'avoir participé aux attentats du 13 novembre 2015. L'inculpé principal est Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont semé la terreur. Les autres assuraient la logistique, apparemment. 

Je commence avec un enquêteur belge, noblesse oblige, qui témoigne à distance sur le frère de Salah, Brahim Abdeslam. Ce dernier est interpellé à la suite d'un banal excès de vitesse et la police locale se prend d'intérêt pour lui, notamment sa radicalisation. Il répond qu’il a pu vouloir que les femmes portent le voile mais que c'est du passé : "Je n’ai plus d’idées de ce genre, d’ailleurs, je fume du shit tous les jours." Rien de tel pour rassurer des policiers… qui s'interrogent quand même à propos d'un document qu’il a sur lui, intitulé "Permission des parents pour faire le djihad". Réponse : "Ça prouve bien que je suis contre le terrorisme et les gens qui partent en Syrie sans l’autorisation des parents." Un des avocats s'adresse à l'enquêteur belge : "On est d’accord qu’il se moque de vous, là ? - Oui." Les Belges ont toujours aimé les histoires drôles...

On demande à Salah Abdeslam pourquoi depuis son incarcération en France, il n'a jamais demandé de remise en liberté : "C’est difficile d’imaginer que vous allez me lâcher…" Ouf ! J'ai cru qu'il allait tomber dans le piège et demander quel était le montant de la caution...

Il a fait de la prison au Maroc en 2011 pour des faits de violence après une bagarre "à cause de l'alcool". Selon lui, cette condamnation est injuste mais inévitable car "la justice au Maroc, ça n’a rien à voir avec ici… " C'est grâce à ce genre d'attentions que la France parvient à se maintenir au premier rang du tourisme mondial...

Il voulait "comme tout le monde se marier et avoir des enfants. Ce projet, je l’ai abandonné à partir du moment où je me suis investi pour faire autre chose, c’est-à-dire les affaires qu’on me reproche aujourd’hui", précise-t-il en souriant.

En réponse à un avocat qui trouve qu'il minimise ses écarts de jeunesse : "Je suis né en Belgique, je suis allé à l’école publique, j’ai été imprégné par les valeurs occidentales. Je vivais comme on m’a appris à vivre ici. C’est-à-dire comme un libertin, sans se soucier de Dieu, manger, boire ce qu’on a envie." 

Jai tué à l'Hyper Cacher

C'est la faute à Voltaire...

 

Reda Hame, lui, a passé huit jours en Syrie, en juin 2015. "Comment expliquer que pour organiser des attentats de l'envergure que l'on a pu connaître, on sélectionne quelqu'un comme Reda Hame qui n'a aucune expérience dans les armes ?", demande le président à un policier. "Il y a la volonté d'en former un maximum et il y en a bien un qui va réussir. Il faut jeter un maximum de bouteilles à la mer". Pas besoin d'avoir de la bouteille pour faire un carton…

Voici l'Arabe de service, si je peux me permettre… Adel Haddadi. Un Algérien d'Algérie, un vrai, assisté d’une interprète en langue arabe. "Je pensais faire de l’humanitaire, mais je ne savais pas ce que j’allais faire exactement. Je savais que ce n’était pas pour donner des bonbons aux enfants, mais je n’ai pas pensé à ça non plus…

- Si c’est de l’humanitaire, on ne comprend pas bien le but d’un entraînement militaire…

- Moi j’étais contre ce qui se passait en Syrie, après je dis humanitaire parce que chez nous quand on voit une personne qui va mal, on va l’aider et on appelle ça humanitaire." Maintenant je sais ce qu'il faut dire face à une kalachnikov : "Ne vous donnez pas cette peine... Je vais bien, tout va bien..."

Adel l'humanitaire, ajoute : "Quand je suis arrivé ils m’ont dit : Si tu veux être kamikaze, tu pourras rentrer à la maison. Moi, je ne savais pas ce que ça voulait dire kamikaze. Alors, j’ai choisi autre chose et ils m’ont fait faire un entraînement." C’est en juillet 2015 qu’il est enrôlé par Oussama Atar, connu sous le nom d’Abou Ahmad, le commanditaire des attentats. "Pourquoi vous a-t-il choisi, selon vous ?" demande le président à l’accusé. "Peut-être parce que je n’étais pas connu en Europe, peut-être qu’il a compris que je ne pouvais pas dire non. Tout ce qu’on me demandait, je le faisais… J’étais quelqu’un de serviable". Il ne savait pas non plus qu'un kamikaze ne peut servir qu'une fois...

Pour finir, l'intellectuel, Mohamed Abrini, qui nous met face à nos contradictions… Fini de rire ! Avant sa prise de conscience, il fut un délinquant malgré lui. Ses surnoms rappellent son parcours : "Brioche" à cause d’un passage dans une usine de boulangerie, "Brinks" à cause de son passé de braqueur. Il est sorti de l’école sans diplôme, n'a pas eu plus de succès au foot car : "En Belgique, c’est pas comme en France, aux Pays-Bas ou en Espagne, où on donne beaucoup leur chance aux jeunes issus de l’immigration, il y a beaucoup de racisme." Si on objectait aux Indigènes de la République, que même les terroriste trouvent que la France n'est pas raciste, ils seraient capables de nous reprocher de les considérer encore plus mal que nos ennemis...

Il relativise sa délinquance primaire :  "Dix ou quinze années de criminalité de moyenne envergure. Je suis pas Jacques Mesrine, je suis pas Spaggiari". Au moins, il connaît ses classiques. Il mène pourtant grand train et écume les casinos. "En France, j’ai été des centaines de fois, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Espagne… 

– C’était financé par quoi ? Le produit des vols ? 

– Je vendais des sandwichs, ça marchait bien les sandwichs... Bah, bien sûr, les vols, Monsieur !" Pourquoi ne pas lui demander s'il a un livret d'épargne… Aujourd’hui, avance-t-il, c’est la "dictature du bonheur" sur les réseaux sociaux. "Nous, on l’a vécue bien avant. Il y a pas le choix : on va voir certaines personnes, elles réussissent, elles ont des familles, des enfants… Vous pouvez pas rester les bras croisés à rien faire… On a grandi en Europe, on est sortis en discothèque, on a bu, on a fumé : on n’est pas sortis du ventre de nos mères avec une kalachnikov en main." 

J'ai tué au Bataclan

C'est la faute à Auchan...

 

Du coup, il relativise aussi son engagement : "Pour moi, je suis pas radical. Je pratique ma religion, c’est tout. Pour vous, ça va être radical. Par exemple, je sais pas comment vous dire… Y a des endroits dans le monde où on pratique l’islam, comme en Arabie saoudite, vous allez trouver qu’il y a des choses bizarres… Pour moi, c’est l’islam normal." Un peu de politique : "L’islam tel qu’il a été enseigné par le Prophète, il est pas compatible avec la démocratie. Pour vous, c’est un islam radical. Pour vous, qu’un homme puisse avoir trois femmes, c’est chelou. Un homme qui prend les armes, c’est la culture de l’islam, c’est comme ça. Mais pour vous, Occidentaux… vous faites des polémiques même pour le halal." Petit cours d'histoire pour les nuls : "L’État islamique, tout le monde voyait ça comme quelque chose de nouveau, mais si on regarde bien à travers l’Histoire, il y a toujours eu des États islamiques. Ç’aurait été bien que des historiens viennent un peu en parler. Il y en a eu un en 2003 qui a été détruit par la coalition. Il y en a eu début 1900, et puis au XVIIIe, au XVIIe, au XVIe siècle, on peut redescendre comme ça jusqu’au premier, instauré par le Prophète. Il y a des gens qui veulent vivre selon la loi de Dieu et je peux comprendre qu’ils partent avec leur famille pour rejoindre un endroit comme ça."

Au début, du reste, à Raqqa, il y avait "beaucoup de bonnes choses avec l’État islamique" : des médecins, du bénévolat, de l’humanitaire, la lutte contre Bachar el-Assad, mais aussi contre l’Armée syrienne libre "qui voulait dégager Bachar pour mettre une autre démocratie. C’est pas bien, ça ?"

Mais ces vidéos de propagande de Daech... "Il faut remettre les choses dans leur contexte. À l’époque, chaque jour il y avait une nouvelle vidéo qui sortait, c’était comme les jeunes d’aujourd’hui qui suivent des séries sur Netflix. 

– C’était quoi, ces vidéos ? Des vidéos d’exactions, d’exécutions ? 

– Pour vous, il peut y avoir que des vidéos d’exactions. Il y en avait des tas, sur les constructions d’écoles, des ponts, sur les commerces, il y a eu un tas de choses, les gens regardaient pas que ça. C’est un fantasme, il faut le déconstruire de votre imaginaire."

Il déconstruit beaucoup, les murs comme les idées. Les hommes aussi, comme Sandrine Rousseau...

Je vous joue du pipeau

C'est la faute à Rousseau

 

Intellectuels de tous les pays, déconstruisez-nous… Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite / Sachez nous hypnotiser, nous envelopper, nous capturer...

Il dit aussi que les "choses dégueulasses" font partie de la guerre depuis toujours. "Ça a toujours existé, ce qui vous énerve. Napoléon l’a fait, et même pire encore, c’est des choses que vous et moi on peut pas comprendre, mais ça a toujours été comme ça." Et puis la France aussi a coupé la tête de son roi, alors une décapitation… Et puis un mort est un mort, quelle importance... Et finir tractés par un pick-up ? "Vous avez qu’une minute de cette vidéo, vous savez pas ce qui s’est passé avant, après, peut-être que ces hommes étaient armés."

À un avocat qui lui demande s’il condamne les attentats : "C’est une vraie question BFMTV, ça. La question, c’est pas de savoir si je condamne ou pas, c’est de savoir ce qu’on fait pour que ça ne se reproduise plus. Vous dormirez mieux, si je vous dis que je condamne ?"

Je me demande si les nazis, à Nuremberg, avaient autant d'humour…

Écrit en janvier de l'an 2022 du fin fond d'un EHPAD, quelque part en France

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