Isabelle m'a aimer…

L'intelligence naturelle est-elle préférable à l'intelligence artificielle ?… J'en doute. Déjà, "naturel" m'interpelle surtout quand il est revendiqué par les végétariens ou autres végans qui, pour la plupart, à ce que je crois, ne sont pas encore retournés au stade de la cueillette qui était le summum de l'Évolution au Paléolithique (même s'ils ne désespèrent pas d'y aboutir si l'on en croit leur catéchisme décroissant).

Car les graines dont ils se délectent ne sont pas tombées du ciel et leur apparition soudaine dans les rayons spécialisés des magasins n'est pas le fruit d'une intervention divine. Si elles figurent en bonne place dans les gondoles, contenues dans des silos transparents qui rappellent ceux qu'on utilise pour les oiseaux, il faut y voir l'aboutissement d'un réseau de petites mains diligentes qui œuvrent pour la bonne Cause et croient intimement au "Naturel"... mais surtout la Volonté bienveillante du Dieu vivant qu'est Michel-Édouard Leclerc particulièrement pour nous, Bretons, qui avons dû faire le deuil de notre clergé traditionnel en 1790. Car, que je sache, l'agriculture, même "bio", n'a rien de naturelle. Elle est, au contraire, tout ce qu'il y a de plus artificielle, c'est-à-dire, selon la définition du Larousse : "Ce qui est produit par le travail de l'homme et non par la nature"... et il en faut du travail pour empêcher les mauvaises herbes d'imposer leur diktat !

J'ai aussi des doutes sur l'intelligence… Le fait de la qualifier d'artificielle ne me gêne pas. Cette avancée grammaticale permet peut-être de définir en creux l'intelligence archaïque que certains ont déjà plongée dans le formol du souvenir.

Dans un article du Point (Non, les algorithmes n’ont pas de conscience) Aurélie Jean commente l'information selon laquelle un ingénieur de Google a été suspendu pour avoir révélé au grand public l'existence d'une intelligence artificielle consciente de son existence (on se croirait dans un épisode de X-files…). Elle nous met en garde contre un excès d'humilité vis-à-vis de la machine : quand une intelligence artificielle, qui peut prendre une apparence anthropomorphique trompeuse, vous dit "je t'aime", elle ne saisit pas la portée de ces termes qui ne sont pour elle que des objets mathématiques. En d'autres termes, elle ne ressent pas ce qu'elle dit.

Cette mise au point tombe à pic… J'étais en effet perplexe depuis la lecture d'un autre article du Point parlant d'Isabelle Boulay, la chanteuse québécoise qui partage la vie du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Invitée sur RTL, elle est en effet revenue sur sa présence, le soir de la victoire d'Emmanuel Macron fin avril, au Champ-de-Mars. "J'étais très heureuse d'être là, d'avoir cette possibilité de célébrer", a-t-elle expliqué avant de rendre hommage au président de la République. "Vous savez, Emmanuel Macron, je vais l'aimer toute ma vie pour une chose… Je l'ai rencontré et il m'a dit : “Vous, surtout, n'arrêtez jamais de faire ce que vous faites.” Il m'a donné les clés de ma liberté. Pour ça, je vais toujours avoir beaucoup d'estime pour lui… "

De deux choses l'une : ou Isabelle Boulay, bénéficiant des avancées technologiques du voisin américain de son pays d'origine, a pu upgrader son intelligence, se plaçant du même coup au niveau d'une androïde de dernière génération… et dans ce cas, comme nous l'expliquait Aurélie Jean, elle ne ressent pas ce qu'elle dit.

Soit, elle a conservé son intelligence naturelle ainsi qu'accessoirement son accent, sa chemise à carreaux et ses bottes de trappeur et là… je m'inquiète sérieusement pour sa santé…

PS : j'aimerais, moi aussi, qu'on me dise, au moins une fois : "surtout, n'arrêtez jamais de faire ce que vous faites".