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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Les jouets, non, la testostérone, oui

Je voudrais que ma fille soit un garçon et mon garçon, une fille. Les stéréotypes de genre, ça suffit ! Certes, la conversion est difficile mais je crois avoir trouvé la solution. Je me suis documenté et j'ai découvert, à rebours des idées primaires des sociologues d'amphithéâtre, qu'il ne suffit pas de donner une poupée au garçon et des Lego à la fille pour permuter les sexes. Non, le secret de la réussite, à la portée de n'importe quelle oie qui lit Vanity Fair, c'est de gaver la fille de testostérone… Je le fais tous les matins avec la mienne, en lui préparant un bon petit smoothie gonflé aux hormones masculinisantes. Je peux vous dire qu'après quelques jours, elle préférait déjà les Lego mais qu'en plus, si son frère refusait de les lui céder, elle lui foutait une raclée qui le laissait KO ! Voilà pourquoi je suis assez content de moi et fier, à mon petit niveau, de participer à la déconstruction des stéréotypes de genre, du patriarcat et de la suprématie blanche… je ne sais pas trop ce que vient faire la suprématie blanche dans ce combat mais comme j'ai cru comprendre qu'elle faisait partie du kit conceptuel de tout parent soucieux d'être à l'avant-garde du processus éducatif tel qu'il figure dans le Petit Livre rose de la France insoumise, je la cite pour ne pas passer pour un cul-terreux périphérique (pas celui qui cerne Paris mais la France qui l'entoure).

Malheureusement, je n'ai pas trouvé de pompe à testostérone pour mon garçon et j'hésite encore à lui faire avaler des œstrogènes… car je me dis que pour être cohérent, il faudrait que je me soumette moi-même à cette démarche. Or ma femme qui est très féminine préfère les "vrais" mecs et… j'aime ma femme même si je ne suis pas un gars de la Mayenne. 

Dieu merci (je le dis de façon radicalement laïque, ce dieu-là n'étant plus qu'une figure de style), l'Éducation nationale est venue à mon secours comme à celui d'autres parents si j'en crois l'article de Lisa Kamen-Hirsig dans Le Point (édition limitée du 15 juin).

Elle explique ainsi qu'un jour, son fils lui a fait part de sa préoccupation du moment en ces termes : "Maman, la maîtresse nous a demandé : que ferais-tu si tu changeais de sexe ?" Il a ajouté qu'il n'avait pas été capable de rédiger les cinq lignes demandées. "J'ai juste écrit : je hurlerai très fort et je me couperai les cheveux tout le temps. J'ai trouvé ça dégoûtant maman et je me suis senti ridicule." Heureusement qu'il n'a pas encore la majorité, il aurait été capable de voter pour le Rassemblement National !

D'un naturel conciliant comme Macron avec Poutine, la journaliste est allée vérifier les dires de son fils auprès de sa maîtresse, qui est aussi la directrice de l'école. Ses allégations ayant été malheureusement confirmées par cette dernière, elle lui a demandé quels étaient les objectifs de ce "travail". Comme dans un manuel d'instruction pour Spetsnaz sympa, il s'agit de "développer l'empathie" et de "favoriser le respect entre garçons et filles ainsi que des relations égalitaires" (il y a forcément des Spetsnaz filles dans une armée aussi libérée que l'armée russe). Objectif non atteint dans le cas de son rejeton qui persiste à trouver dégoûtant de changer de sexe. Il a dû lire Harry Potter dans une version non expurgée (je rappelle que J. K. Rowling, l'auteure, s'est moquée de la police écossaise qui enregistre les viols commis par des délinquants ayant des organes génitaux masculins comme étant commis par une femme si l'agresseur s'identifie à une femme ; je m'étonne qu'aucun violeur ne se soit encore identifié à un chien pour atténuer la portée de son acte ; vous me direz que Damien Abad a bien tenté de se faire passer pour un handicapé avec les résultats que l'on connaît…)

Dans les écoles de France aujourd'hui de nombreux exercices et problèmes sont conçus pour "faire vivre", ou "explorer" l'égalité des sexes. Il ne s'agit plus d'apprendre les règles de l'écrit ni même de développer l'imagination des élèves mais de favoriser leur empathie. Les heures consacrées à "déconstruire les stéréotypes" ne le sont pas à construire la grammaire ou la chronologie.

Est-il nécessaire de demander à un enfant de huit ans de s'imaginer changer de sexe pour lui faire comprendre l'égalité de droits qui existe entre lui et une petite fille ? L'éducation de la très grande majorité des enfants se fait actuellement dans le respect total de chacun des sexes. Les psychologues savent bien que parler de sexualité à un enfant sans qu'il ait posé de questions peut être d'une grande violence.

Le fils de Lisa Kamen-Hirsig ne peut pas, à son âge, s'imaginer sans ses attributs masculins (moi non plus, d'ailleurs et ma femme encore moins). Faut-il lui en vouloir ou plutôt aux adultes incapables de comprendre qu'ils violent son imaginaire ?

Elle propose plutôt ce genre d'exercice : "Marine a neuf ans. Elle participe à une compétition où ne concourent que des garçons. Imagine ses sentiments et ses actions ? Se mettre dans la peau d'une petite fille, un autre individu que soi-même, n'est pas imaginer changer de sexe. Un enfant peut écrire un texte dont le narrateur est un enfant différent, un animal, un objet même."

Chère amie, vous oubliez que se mettre à la place d'un autre par la pensée, c'est de l'appropriation culturelle comme dirait un huissier. Il faut au minimum changer de sexe, changer de peau pour prétendre à l'empathie qui n'est, du coup, plus de l'empathie. 

Mais je pinaille, j'ergote, je chicane. Permettez-moi de vous laisser conclure : "Qui peut croire qu'un garçon de quatre ans deviendra un horrible macho parce qu'on ne lui a pas retiré sa bétonnière miniature ? Dans quel pays cette question peut-elle être posée à un candidat à l'enseignement plutôt que des questions portant sur sa maîtrise des disciplines enseignées ? J'aurais aimé vous répondre qu'il fallait voyager en Absurdie, mais l'Absurdie, c'est ici."

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