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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Le Gay savoir

L'homosexualité est une énigme du point de vue de l'Évolution même si les parents évolués prétendent qu'ils ont toujours su et accepté que leur grand garçon préfère les hommes et, si c'est un fils unique, que leur lignée s'achèvera avec lui.

Mais le scientifique, lui, ne fait pas de sentiment. Si l'objectif de tout être vivant est de transmettre ses gènes (la parthénogenèse étant le must), l'homosexualité apparaît à première vue comme un cul-de-sac. Mais n'est-ce pas confondre deux perspectives d'analyse ? Celle centrée sur le but d'un comportement, l'autre sur son mécanisme. La première fondée sur la théorie de Darwin qu'on pourrait résumer à "la perpétuation de l'espèce dans ses grandes lignes" (des ratés sont toujours possibles). L'autre axée sur les processus biologico-psychiques de l'attirance sexuelle (le commandement biblique : "Tu te perpétueras car tel est mon désir et tel est ton désir", en fait partie mais n'est pas indispensable sauf en cas de mariage arrangé). 

Donc, pour résumer, deux approches : la stratégique et la tactique. Un soldat peut aimer se battre sans se soucier de savoir si ce plaisir contribue aux buts de guerre définis par l'état-major. Un général peut établir une stratégie qui ne tient aucun compte de la psychologie du soldat (la bouffe, la boisson, le sexe… et l'amour de la patrie).

En supposant que l'Évolution ait une stratégie (personnalisation abusive… disons que pour les besoins de la démonstration on fait "comme si" le vivant avait une stratégie) quelle est la place de l'homosexualité dans l'équation ? L'attirance sexuelle, même chez l'humain, est câblée (neurones, hormones) de façon à ce qu'une réponse appropriée se déclenche à la vue (peut-être aussi à l'odeur… chacun ses goûts) du stimulus adéquat. Ce dernier est, par exemple pour l'homme hétérosexuel, une femme appréhendée dans sa totalité ou, si les circonstances le permettent, détaillée de la tête aux pieds en s'attardant plus longuement sur ses caractères sexuels secondaires (je laisse de côté les leurres, par exemple les transsexuels, car il n'est pas beau de mentir).

Or, une configuration génétique du désir hétérodoxe (à ne pas confondre avec hétéro) pourrait persister dans une population d'individus malgré son peu de succès reproductif. Ainsi, en prenant l'espèce la plus proche de la nôtre, les moutons comptent en moyenne 8% de mâles exclusivement homosexuels dans une population donnée. Cette arrière-garde est sexuellement attirée par l'odeur des autres mâles. Ces derniers refusant systématiquement leurs avances, nos moutons homos, outre le fait qu'ils n'œuvrent pas à la perpétuation de l'espèce, n'assouvissent pas non plus leur désir. On se découragerait à moins mais il y en a toujours pour relever le défi dans la génération suivante. L'homosexualité résiste donc au déshonneur et à la frustration sans qu'on puisse invoquer dans ce cas précis le caractère moutonnier de l'animal.

À ce stade le mystère demeure.

La reproduction est une entreprise surdimensionnée qui ne regarde pas à la dépense… comme l'État français. Qu'on pense aux huit milliards d'humains mais aussi à ce déluge de gamètes que les batraciens lâchent dans nos rivières (20 000 œufs par femelle en moyenne). Certaines études tendraient à montrer que les femmes qui ont un fils exclusivement homosexuel ont plus d’enfants, en moyenne, que les autres. Il en est de même pour les brebis. Être très fertile est évidemment bénéfique du point de vue de la sélection naturelle. Tant que le nombre de fils exclusivement homosexuels (perdus pour la procréation) ne compromet pas la fertilité totale de la fratrie alors les gènes familiaux, y compris ceux à tendance homosexuelle, se perpétueront sur de très longues périodes évolutives.

Des chercheurs ont essayé aussi de réintégrer l'homosexualité dans le cadre de l'Évolution en s'inspirant de la théorie de la parentèle. Si l'on suit Darwin, nos gènes se tiendraient aux commandes veillant à ce que rien dans nos vies n'entrave leur irrésistible conquête. Ils auraient même vaincu la mort en se perpétuant à travers notre descendance. Nos gènes cherchent donc à s'imposer quoi qu'il arrive au point qu'on parle de gènes égoïstes. Mais alors, comment expliquer l'altruisme et l'homosexualité par corrélation (pas de transmission génétique) ? La théorie de la parentèle vient à point pour expliquer que l'altruisme serait d'autant plus marqué qu'il existe un lien de parenté entre l'organisme altruiste et le bénéficiaire de l'altruisme. Autrement dit, tonton est une tata gâteau. Malheureusement, les animaux ou les humains exclusivement homosexuels, ne sont pas plus altruistes que les hétérosexuels.

J'évoquerai enfin pour la bonne bouche une chercheuse transsexuelle qui simplifie le problème en prétendant que les espèces vivantes étaient toutes bisexuelles à l'origine. Si Noé avait adopté ce point de vue pour plaire à la communauté LGBT biblique, il aurait indifféremment accueilli, sur son arche, des couples homos ou hétéros sans se soucier de leur capacité reproductive. Cette absence de vision et cette atteinte à la biodiversité aurait alors été le prix à payer pour simplement s'attirer les bonnes grâces d'un lobby sexuel. L'explication principale de la chercheuse, tirée de l'exemple des bonobos, est que l'homosexualité renforce les liens, apaise les tensions au sein des sociétés de grande taille… autrement dit : "Faites l'amour, pas la guerre". J'en conclus que la Russie manque cruellement d'homosexuels sans m'en expliquer les raisons…

Exit la stratégie, retour à la tactique.

L'orientation sexuelle (devant/derrière) est déterminée dès le stade du fœtus par l'exposition des gènes correspondants aux hormones de la mère.

Chacune de nos cellules contient l’ensemble de notre patrimoine génétique : 46 chromosomes hérités de nos parents sur lesquels on compte environ 25 000 gènes. Mais si toutes nos cellules contiennent la même information, elles n’en font pas toutes le même usage : une cellule de la peau n'est pas un neurone, une cellule du foie n’a pas les mêmes fonctions qu’une cellule du cœur.

Un gène contient l’information nécessaire à la synthèse des molécules qui constituent l’organisme. Pour qu’un gène déclenche la synthèse d’une molécule, il doit se faire remarquer. Cette disponibilité se manifeste par une marque biochimique (marque épigénétique). Imaginons que le chromosome soit une bande magnétique sur laquelle chaque gène a sa piste. Les marques épigénétiques seraient alors des morceaux de scotch repositionnables qui masqueraient ou démasqueraient certaines pistes, les rendant illisibles ou lisibles.

Les marques épigénétiques sont maintenues au cours des divisions cellulaires notamment au cours du développement embryonnaire. Les cellules de l’embryon sont au départ identiques. Elles vont recevoir des signaux les conduisant à activer ou inactiver certains de leurs gènes pour se différencier et construire l’organisme. Ces marques épigénétiques se transmettront au cours des divisions cellulaires ultérieures (régénération périodique de l'organisme) pour qu’une cellule de foie reste une cellule de foie et une cellule osseuse une cellule osseuse. 

Inversement la formation des gamètes de l'enfant pubère nécessite un effacement des marques épigénétiques. Cette "remise à zéro" permettra, après la fécondation, que les cellules de l'embryon issues de la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule soient capables de se différencier en n’importe quel type de cellules afin de former un nouvel organisme.

Toutefois, certains gènes semblent échapper à cette rénovation et certaines marques épigénétiques pourraient passer à la descendance.

Pour reprendre depuis le début… dans le ventre de la mère, le fœtus est exposé à d'importantes variations d'hormones androgènes, ces hormones qui déclenchent le développement des caractères sexuels masculins. Il arrive que des fœtus masculins soient sous-exposés à ces hormones androgènes.

Inversement, des fœtus féminins peuvent être surexposés aux hormones androgènes, sans qu'ils développent pour autant des caractères secondaires masculins. Et cela, parce que les marqueurs épigénétiques interviennent pour les protéger de ces irrégularités et empêcher les gènes sensibles aux hormones mâles de s'exprimer. Ainsi le fœtus féminin deviendra, conformément au programme, une petite fille.

À cette seconde étape de la vie, les marqueurs hérités des parents disparaissent, mais il arrive que le hasard omette d'en effacer certains. Le fait qu'un futur garçon hérite accidentellement des marqueurs de sa mère, ou la future fille de ceux de son père, modifie la réaction de celui-là ou de celle-ci aux androgènes. Ainsi, la petite fille développera certains traits comportementaux masculins, et le petit garçon, certains traits féminins parmi lesquels l'attirance sexuelle.

La transmission de marqueurs sexuellement opposés entre les générations serait le mécanisme évolutionnaire le plus plausible pour expliquer l'homosexualité humaine.

Et voilà aussi pourquoi les homosexuels sont si proches de leur maman.

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