Journal d'un pangolin en vacances 26

Apparemment, l'homme préfère descendre du singe plutôt que du pangolin. Je me demande si les événements survenus récemment en Thaïlande vont l'amener à réviser sa position dans l'arbre généalogique du vivant. À Lopburi, en effet, des gangs de macaques se sont affrontés en pleine rue, y faisant la loi et interdisant aux humains de sortir de chez eux.

Bien sûr, toute ressemblance avec des événements s'étant déroulés à Dijon ou à Nice, et des personnes appartenant à des communautés bien connues des services de police, est déclarée fortuite et ne doit pas être recherchée sous peine de poursuite par les progressistes de quartier.

Il n'est ainsi pas avéré que les macaques portaient des tee-shirts à l'effigie de Ramzan Kadyrov ou des cagoules noires, ni qu'ils étaient armés avec du matériel russe. Mais ils faisaient tout aussi peur, en témoigne cette commerçante : "On vit dans une cage et les singes vivent dehors". Quelques habitants ont installé des tigres et des crocodiles en peluche pour tenter d'effrayer les primates. En France, on aimerait que la police adopte la même tactique, et offre, en s'agenouillant de préférence, des Bisounours aux contrevenants réfractaires plutôt que des étreintes qui sont mal vues par ces temps épidémiques. 

Pour essayer de tirer de ce fait divers des enseignements scientifiques, les darwinistes ont relevé un comportement qui pouvait alimenter leur thèse. Quelle n'a pas été leur joie d'apprendre, en effet, que les singes déposaient les corps de leurs défunts dans le cinéma de la ville, le transformant ainsi en "cimetière". Je suis assez réservé sur cette interprétation culturaliste car je note que les cinémas devaient rouvrir ce lundi après des mois de confinement, et qu'il est donc plus probable que les macaques, craignant l'affluence que provoquerait cette mesure, aient réservé leur place en y installant provisoirement des cadavres. Là où les évolutionnistes veulent voir l'embryon d'un sentiment religieux (le culte des morts), je ne vois, moi, qu'une passion consumériste, car les films d'art et d'essai sont les parents pauvres d'un marché  local où les blockbusters hollywoodiens se taillent la part du lion.

Toujours est-il que face à cette notoriété mondiale, les autorités se sont senties obligées de prendre les choses en main en lançant une campagne de stérilisation. Les singes sont attirés dans des pièges, endormis puis tatoués en fonction de leur sexe et du "gang" auquel ils appartiennent. Je crains que ce choix n'entretiennent les dérives communautaristes qui fracturent inéluctablement nos sociétés multiculturalistes.

Malheureusement, on ne demande jamais l'avis des pangolins surtout quand il s'agit d'en faire des boucs émissaires.