Messe à Châlons-en-Champagne : Petit et Grand Véhicule

Je vous remercie d'être venus si nombreux et de vous être rangés en respectant les règles qui s'imposent désormais aux rassemblements, même ceux inspirés par l'Amour, je parle bien sûr de celui de Notre Seigneur... je me permets une petite parenthèse… cette assemblée de véhicules me fait penser soudain à l'enseignement de Bouddha... Rassurez-vous, je ne me suis pas converti (rires dans les autos qui s'agitent à l'unisson) mais la sagesse des autres courants de pensée peut nous aider à mieux comprendre les difficultés du monde présent. C'est aussi une façon de montrer que l'Église est ouverte sur la modernité et qu'elle n'est pas démunie face aux aspirations de ceux qui chercheraient une réponse plus exotique et plus branchée... 

Deux écoles se réclament du bouddhisme : le Petit et le Grand Véhicule… il ne s'agit pas d'une distinction selon la part de son revenu que chacun peut consacrer à l'auto ou des contraintes qu'impose une famille nombreuse ou même du drame des mères célibataires… que Dieu les bénissent… non, ces deux courants montrent quelles sont les voies qui s'offrent à tout courant spirituel et qui  l'amèneront à privilégier la prédication ou le repli sur soi.

A la disparition de Bouddha les moines se trouvèrent dans un grand désarroi : il n’y avait aucun enseignement écrit, aucune directive et aucun successeur désigné. L’un des moines s’écria: « Ne vous lamentez plus, mes frères ! Pendant des années Bouddha nous répétait sans cesse : "faites ceci, ne faites pas cela !" Maintenant que nous en sommes délivrés, nous pouvons faire ce que nous avons envie de faire, et ne pas faire ce que nous n’aimons pas ». En entendant ces paroles, Maha-kashyapa, le disciple le plus âgé, convoqua une assemblée de toutes les communautés de moines.

Lors de ce Premier Concile, 500 moines tentèrent de se remémorer les enseignements de Bouddha. À l’annonce des résultats, l’un des Anciens, Purana, suivi de ses disciples, refusa de les reconnaître : « Ce que vous faites est peut-être très bien, mais je préfère garder en mémoire ce que j’ai moi-même entendu de la bouche du Maître ». 

Un Second Concile eut lieu 100 ans après pour une question de discipline. L’un des Anciens de la communauté de l’Est avait constaté que les moines de la communauté de l’Ouest enfreignaient certaines règles, en consommant des boissons alcoolisées, en s’alimentant à des heures interdites et en acceptant l’argent des fidèles. Lors du Concile, ces moines furent condamnés à s'excuser publiquement. Ils refusèrent et, plus nombreux et plus jeunes, se scindèrent en un mouvement appelé Grande Assemblée.

La nécessité d'un Troisième Concile se fit sentir lorsque la division autour des « Cinq thèses de Mahadeva » fut devenue trop profonde. Ce moine soutenait que le sage pouvait encore avoir des désirs charnels et des doutes, qu’il n’était pas encore complètement débarrassé de l’ignorance. Il réclamait une conception plus humaine de l’être éveillé ou aspirant à l’éveil. Ses partisans formaient le Grand Véhicule, plus réformateur, plus libéral, plus ouvert sur le monde. En face d’eux se tenait l'École des Anciens ou Petit Véhicule, plus conservateur, plus rigide et élitiste, défendant la pureté de la doctrine. Ces derniers étaient accusés de préférer l’érudition à la sagesse et le débat à la réalisation, de se préoccuper seulement de leur propre salut alors que l'école du Grand Véhicule voulait secourir le plus grand nombre.

Vous l'avez bien compris, il ne s'agit pas de prime à la casse et d'incitation à l'achat d'un nouveau véhicule mais de notre capacité à nous ouvrir au monde, à sortir de notre confinement… D'ailleurs, je ne peux que me réjouir de la reprise progressive de l'activité dans cette belle usine Renault Sovab de Batilly qui n'est qu'à 135 km d'ici et dans laquelle certains d'entre vous travaillent !

Je vous encourage donc à contribuer au réveil de notre beau pays. Allez dans les usines, allez dans les écoles, allez dans les bureaux de vote sans crainte et répandez le message d'espoir de Notre Seigneur ! Amen (concert de warnings).