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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Journal d'un pangolin en vacances 38

Le premier des écologistes urbains fut, sans conteste, Joe Dassin. Je rappelle à ceux qui n'étaient pas encore nés à cette époque pionnière, sa chanson programmatique :

"Dans Paris à vélo on dépasse les autos

A vélo dans Paris on dépasse les taxis"

Je ne pense pas qu'on ait fait plus simple depuis sinon dans le fond du moins dans la forme.

Car qu'est-ce qui intéresse un écolo à Paris (Bordeaux ou Nantes…) si ce n'est les pistes cyclables, les rues piétonnières, les berges ensablées, la flèche de Notre-Dame refaite à l'identique… en somme, un parc d'attraction pour CSP+ verts (dollar). Comme dans un hôtel cinq étoiles, il y a une entrée de service. Elle est située aux portes de la ville. Sous l'Ancien Régime on l'appelait "octroi". Sommé d'abandonner sa voiture polluante, le manant (vilain ou habitant d'un village, banlieusard ou mis au ban) se fait alors piétaille ou, dans le meilleur des cas, trottinettiste. Il peut être désinfecté sur le parcours selon l'humeur de la maréchaussée. 

Par décision unilatérale, le citadin éclairé par les lumières de la ville à basse consommation ne reconnaît comme dignes de sa considération, dans les territoires anomiques de la France périphérique, que les villages en vieilles pierres, fleuris si possible, les anciennes commanderies templières, le château de Montségur… tout ce qui est fortifié et peut être défendu contre l'Impur. Il s'y fait mener en grand train (TGV et VTC).

Ce qu'un périphérique décrocheur (au sens cinétique) pourrait reprocher, avec la déférence requise, à ces hymnes virgiliens hors-sol où plus rien de réel ne pousse, où l'on vit d'air pur et de mur végétalisé, où le coronavirus est salué pour sa vertu décroissante, c'est leur indifférence totale aux ravages économiques et sociaux provoqués par la pandémie. Du moment que la qualité de l'air qu'on respire à vélo à Paris s'améliore, peu importent la flambée du chômage ou les 100 millions d'humains que la crise va faire basculer dans la pauvreté et faire vivre avec moins de 1,90 dollar par jour. Cyril Dion, poète virgilien, y voit par exemple une formidable chance de "changer nos habitudes alimentaires, de réduire considérablement notre consommation de viande et de poisson, de s'orienter vers une alimentation plutôt végétale". Dès que les avions redécolleront (il n'est pas aussi extrémiste que Greta) il ira sans doute délivrer ses conseils éclairés en Somalie et au Yémen. 

En ces temps de génuflexion repentante, il est curieux que le caractère foncièrement égoïste et profondément néocolonialiste de la philosophie qui sous-tend cette idéologie, ne soit pas perçue : celle d'Occidentaux riches et repus, bien logés et bien nourris, ayant l'impudence de prôner la frugalité à des milliards d'êtres humains qui vivent dans des conditions misérables.

Mais quant au végétarisme aucun pangolin, lucide et égoïste, n'y verrait d'objection.

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