Journal d'un pangolin en vacances 37

Mélenchon a foi en l'avenir, Mélenchon sent le jeune, Mélenchon drague ses prochains électeurs. Il parle aux enfants, il balbutie dans leur langue de bb, de béat, de b.a.-ba, de Booba. Peu importe ce qu'il leur dit. Par exemple sur TikTok : "Il t'appelle pour ton bac, toi tu parles à Macron ? Mais moi je m'appelle Mélenchon. Tu hors de ma vue ! Va voir ton Parcoursup !" Il suffit d'identifier quatre mots - bac, Macron, Mélenchon, Parcoursup - pour savoir que c'est pas bon. De même que capitalisme, mondialisation, néolibéralisme, marché suffisent à faire d'un perroquet le porte-parole de La France Insoumise. Ou, si elles voulaient, d'une Wejdene (l'inspiratrice du tribun : "Tu prends tes caleçons sales/Et tu hors de ma vue") ou d'une Aya Nakamura (YouTubeuse star), dont un critique avisé trouve qu'"elle confirme la tendance de la soumission de la langue au rythme, et plus le contraire. Ce qui est génial, notamment avec un titre comme Pookie, c'est que la langue s'efface dans le rythme pour devenir une sorte de purée abstraite qui devient ornementation."

De la purée ou du yaourt, c'est ce qui plaît aux enfants. Et "chanter en yaourt", on l'a tous fait, c'est populaire, Mélenchon, il aime ça. Le "yaourt" c'est parfait pour continuer à chanter même quand on ne comprend rien aux paroles… La Marseillaise, par exemple. 

Un producteur à propos d'Aya Nakamura : "Elle venait en studio, le soir. Les gars du Side commencent une prod. Aya va dans la cabine, elle improvise des mélodies, en yaourt, parfois elle sort des mots, des idées qui l'aideront ensuite à écrire. Après, je trie les voix, je les pose et ça fait une structure de chanson. À cette étape, on sait ce que le morceau va donner. À chaque session, il sort un son à 80 % fini."

C'est vrai qu'avec Mélenchon, on sait toujours à l'avance ce que ça va donner : de la purée. C'est prédigéré, ça fatigue pas la pensée. Oh yeah !