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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Batman et le Dr Shi

Je relaie un article du Point ("Origines du Covid-19 : des apprentis sorciers démasqués, un cousin identifié") qui lui-même se base sur une publication de l’institut Pasteur et un document du collectif Drastic (si c'est pas de la traçabilité, ça ! Je vais pouvoir postuler à France-Soir…). Je vais faire simple, non pas parce que je méprise le lecteur mais parce que c'est le mode d'expression qui m'est le plus familier. Il va être question de clefs sinon pour comprendre mais tout du moins pour expliquer. Ce virus, ami de l'homme qui veut à tout prix faire corps avec lui, a besoin, comme tout étranger, d'une autorisation de séjour. Bien sûr, je sais que certains ne s'embarrassent pas de ce genre de formalité mais voyez un peu le tort qu'ils font aux pauvres Algériens, Marocains et Tunisiens à qui on refuse tout visa tant que leurs gouvernements n'accepteront pas de reprendre leurs brebis galeuses. Car après tout, s'il y a une période d'essai pour les travailleurs autochtones pourquoi n'y en aurait-il pas pour les étrangers ?... Non, je ne me présente pas à la présidentielle et je ne veux pas venir grossir les rangs des zemmouristes (après France-Soir et cette nouvelle dérive, je suis bon pour une psychanalyse chez Arte ou France 5 qui pourrait faire l'objet, grâce à l'aimable diligence de Laure Adler, d'une série ayant pour titre La Confession d'un enfant du siècle… j'ai la grosse tête ? Alexandre Benalla a bien publié ses mémoires ! Mais lui, il a les gros bras…) !

Mais je m'égare, je m'égare...

Une vingtaine de chercheurs de l’Institut Pasteur de Paris et du Laos ainsi que de l’université nationale du Laos, de l’université de Paris et de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA) ont annoncé avoir découvert des coronavirus proches du Sars-CoV-2 dans le nord du Laos. Les reliefs calcaires situés dans la région qu'ils ont explorée hébergent des chauves-souris rhinolophes, réservoirs des virus de ce type. Leurs analyses montrent que les coronavirus de chauve-souris n’ont pas besoin de passer par un hôte intermédiaire pour contaminer l’homme. Comme Dreyfus autrefois, le pangolin se voit donc réhabilité après une campagne de diffamation abjecte, ses rares amis se comptant sur les doigts griffus d'une seule patte.

L’un de ces nouveaux coronavirus, baptisé Banal-52, est le plus proche cousin du Sars-CoV-2, plus proche encore que le coronavirus Rat-G13 séquencé dans les laboratoires de l’institut de virologie de Wuhan par Shi Zenghli. Avec une différence de taille : il est, lui, capable de reconnaître les récepteurs des cellules humaines pour les infecter. Sa seule existence ne permet cependant pas de conclure que la pandémie résulte d'une contamination par la chauve-souris. Car la panoplie de ce tueur né n'est pas complète : "Banal-52 ne possède pas de site de clivage à la furine".

Un "site furine", qu'est-ce ? Pour que le Sars-CoV-2 entre dans nos cellules, il lui faut une clé, la fameuse protéine S (pour "spike"), qui rentrera dans la serrure présente à la surface des cellules humaines, le récepteur ACE2. Mais il faut aussi que la clé tourne pour que le virus s’empare de la cellule et de toute sa machinerie afin de se multiplier. C’est là qu'intervient la furine, une enzyme humaine. Elle va s’attaquer au "site furine" présent sur la protéine virale spike. La clé tourne. Les scientifiques appellent cette étape, le clivage. Ça se passe comme avec le visa : le passeport, c'est la protéine spike, et l'auguste geste de l'employé d'ambassade qui fend l'air moite pour apposer le tampon, c'est le clivage du site furine.

"L’absence de ce site furine sur les virus prélevés au Laos peut s’expliquer de deux manières : soit nous n’avons pas suffisamment échantillonné pour en trouver, soit il n’y a tout simplement pas, dans la nature, de coronavirus de chauve-souris porteur d’un site furine", explique un chercheur. Mais alors, pourquoi un virus équipé d’un site furine a-t-il été découvert à Wuhan ? Est-il arrivé par le biais d’un voyageur ? S’est-il échappé d’un laboratoire ? Est-il né dans des éprouvettes ? "Si quelqu’un avait tout à coup l’idée d’ajouter un site furine dans un virus comparable à celui découvert par l’équipe de Pasteur, je n’ose imaginer ce qu’il adviendrait".

Et bien il se trouve (j'en ai déjà parlé dans un post précédent) qu'une organisation mondiale à but non lucratif, EcoHealth Alliance (EHA), spécialisée dans la recherche sur les maladies émergentes, a sollicité la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), branche recherche de l’armée américaine, pour qu'elle finance un projet nommé Defuse. Soutenu par son président, Peter Daszak, EHA, en collaboration avec l'Institut de virologie de Wuhan (et sa chercheuse vedette, Shi Zenghli), il propose d’étudier des coronavirus de chauve-souris pour prévenir les pandémies. L'exposé de leur méthode rappelle un peu le scénario d'un film catastrophe, façon morts-vivants. Ces apprentis sorciers ne se proposaient en effet, ni plus ni moins, que de renforcer le potentiel infectieux des coronavirus en "améliorant" leur protéine spike et en les dotant de sites humains de clivage à la furine. Un chercheur commente : "Sonder les risques d’émergence des virus ne me pose pas problème, mais prendre un virus de chauve-souris qui n’infecte pas l’homme au départ et lui conférer la capacité d’infecter des cellules humaines me semble des expériences risquées ! On peut répondre aux mêmes questions avec d’autres méthodes expérimentales sans prendre de tels risques biologiques".

La DARPA s’est rangée à cet avis en refusant de financer le projet. Mais peut-être que l'agence tous risques (je parle d'EHA) a trouvé des portefeuilles plus compatissants et que l'Institut de virologie de Wuhan a pu mettre en route son programme. Si c'est le cas, est-ce qu'au moins les laboratoires s'entourent des plus draconiennes règles de sécurité ? "On a tendance à mettre les accidents sous le tapis. Tous les vieux routards de la virologie comme moi savent parfaitement qu’ils se produisent. En biologie, c’est même un aléa du métier. Il suffit d’un mauvais geste, d’une mauvaise manipulation pour que le chercheur s’infecte avec un pathogène", révèle un autre chercheur.

Certains chercheurs ont trop regardé World War Z ou The Walking Dead. Ça leur a donné des idées. Là, on a dû se contenter d'une toute petite pandémie. Mais quand ils seront vraiment au point, à quoi peut-on s'attendre ? Sachant que les coronavirus se foutent royalement des visas… Oh, les beaux jours !

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