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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

C'est une poupée, Qui fait "non, non, non, non"

J'ai fait un rêve… ça m'arrive encore. Je rendais visite au menhir de Montretout qui vaut tout autant le déplacement que ses clones de Carnac, dont le nombre ne contrebalancera jamais l'insignifiance malgré tous leurs efforts pour rester dignes sous une pluie du Quatorze-Juillet, par exemple. Qu'ils paraissent fragiles face à cette armée chinoise du IIIe siècle av. J.-C. enfouie dans la terre du Shaanxi, qui n'attend qu'un ordre pour envahir l'Occident en faisant un détour par Taïwan quand les vols seront rétablis. J'ai trop de respect pour les militaires pour continuer dans ce registre navrant et si vous pouviez me voir écrivant ces mots, vous seriez émerveillés par ma raideur martiale qui s'arrête juste à la ceinture puisqu'il me faut tout de même conserver une certaine mobilité dans certains membres pour continuer à taper sur le clavier de mon smartphone. Imaginez un peu l'état dans lequel je me suis retrouvé le matin au réveil...

Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de visiter un vestige vivant… 

Figurez-vous que dans mon rêve, c'est grâce à mes posts sur Éric Zemmour, que j'avais gagné ce voyage, ce pèlerinage devrais-je dire, là où l'histoire de France a recommencé… Je dois d'abord m'excuser… Que Valeurs actuelles me pardonne, je pensais que leur comité de rédaction ne repérait les vieux talents que sur le Web en version papier… Apparemment, ils font aussi de la drague digitale comme leurs petits-enfants… Donc, grâce à eux, le plus puissant seigneur de Saint-Cloud, car son château a une porte et onze fenêtres, a daigné me recevoir… à moins qu'il n'ait vraiment besoin d'argent car j'ai appris que les visites étaient payantes pour les visiteurs sans talent...

Si vous ne l'avez pas encore reconnu, j'ajouterai qu'il n'a jamais été couronné et qu'avant même de l'être, il a été détrôné préventivement par sa fille, une ingrate qui tarde d'ailleurs à faire ses preuves… était-ce vraiment la peine de faire ainsi le ménage, Marine ? D'où son report d'affection sur ce fils qu'il n'a pas eu, Éric Zemmour.

De l’extérieur, la bâtisse de style Napoléon III en impose avec ses trois niveaux, ses bâtiments annexes et son vaste jardin surplombant Paris. À l’intérieur, les murs sont aussi décrépis que le maître des lieux… mais il s'agit peut-être d'une déformation due à la physico-chimie des rêves. La prochaine fois, j'essaierai de faire un détour chez Freud, à Vienne, pour confirmer cette impression. Jean-Marie est en retard à notre rendez-vous à cause de la défaillance d'une de ses prothèses auditives. Ce petit détail me le rend tout de suite plus proche, ce qui l'aide à mieux entendre mes paroles, et je m'identifierais presque à lui si mon cornet acoustique était moins voyant. Il est vrai aussi que je me retiens pour ne pas faire fuir le peu de lecteurs qui me restent. 

Le voilà enfin. Un collaborateur l’aide à se hisser péniblement au premier étage au moyen d'un monte-escalier de fabrication artisanale. Il n'y a pas de moteur et le sous-fifre doit tirer sur un bout qui, muni de palans, évoque le chargement des marchandises sur les vaisseaux du XVIIIe siècle et le Capitaine Crochet. L’ascension du majestueux escalier en bois est lente et incertaine afin que le visiteur perçoive mieux le poids de l'Histoire dont le Grand homme s'est chargé. Une courte halte, quand même, sur ce chemin de croix dans le bureau de la secrétaire qui lui tend les bras. Il s'écroule… peut-être le mal de mer ou un manque d'affection. Et nous voici enfin dans son bureau. Il est encombré de statuettes. Des statuettes de Napoléon dont quelques pièces rares éditées par Playmobil et vendues dans les stations Antar de la Route nationale 85 qui, je m'excuse de le rappeler, suit une partie du trajet qu'emprunta le Petit Caporal à son retour de l'île d'Elbe, quand il entama les Cent-Jours de son fatal come-back. Des statuettes de Jeanne d'Arc aussi, en albâtre ou en chocolat, sous cloche ou sous cellophane, en merisier ou en LEGO. Plus étonnant, et là je ne peux exclure une influence subreptice de ma libido puisque j'ai quand même mon mot à dire, huit vitrines de quatre étages abritant, comme des reliquaires, les modèles édités pour le cinquantième anniversaire de Barbie France… J'aimerais m'arrêter sur ce détail qui éclaire autant l'histoire de la poupée que celle de notre Nation. 

Quand Barbie fut créée en 1959, Mattel envoya ses représentants en France pour promouvoir cette pin-up en 3D, en supplément du plan Marshall. Elle fut mal accueillie. Les détaillants de jouets n’en voulaient pas. Un grand magasin dont je tairai le nom, crut bon de s'offusquer comme si les ligues de vertu lui tenaient le porte-voix : "Vous ne nous ferez pas vendre une poupée putain (il n'y a pas de virgule entre les deux mots car les Français ne parlaient pas encore comme les Américains ; une "poupée putain" c'est l'inverse d'une "putain de poupée"... en français dans le texte)". En désespoir de cause, les Américains contactèrent Philippe A. Mayer, le directeur des Jouets rationnels (distributeur du Télécran). Il accepta de prendre la chose en main. Sa femme la trouva mal habillée, mais sa fille fut conquise. Mayer y vit un signe. Il réserva un espace pour Barbie sur son stand au salon international du jouet à Lyon. Hélas, les acheteuses boudaient, la trouvant "trop vulgaire et trop Américaine". C'est alors qu'un article de Paris Presse l’Intransigeant vint tout changer, véritable plaidoyer pour la miss, titré "La poupée qui est une vraie femme". Ce fut la ruée.

Mais, me direz-vous, comment le fondateur du Front national en est-il venu à collectionner cette poupée lui qui ne goûte guère l'Alliance atlantique ? "Je l'ai trouvée belle. Elle m’a rappelé celles que ma tante Nicole me prêtait pour jouer sur les quais de la Trinité-sur-Mer". Et je découvre, ébahi, que nous faisons partie, lui et moi, de ces hommes rares qui ont joué aux poupées, enfants. Moi c'était à Brest, un autre port breton ! La propriétaire de l'immeuble où nous habitions, m'en avait offert une. Ce devait être une féministe avant l'heure, en plus d'être "vieille fille" comme on disait à l'époque… certains, je n'en suis pas, prétendent que les deux sont liés. Peut-être avait-elle voulu aussi faire enrager mon père, ce héros… C'est grâce à elle que je découvris mes talents précoces de couturier… J'ai appris, quelques années plus tard, que Jean-Paul Gaultier avait débuté de la même manière… je frémis à l'idée que j'aurais pu finir comme lui…

J'en ai rêvé, mais Jean-Marie, lui, a réalisé mon rêve… dans mon rêve. Il possède presque toute la production d'avant le révisionnisme féministe qui s'en est pris aux formes trop parfaites de Barbie, à sa couleur blanche… enfin vous voyez le genre (et pourquoi pas une trans ? J'en frémis à nouveau mais j'espère que ça s'arrêtera là...). Il lui en manque une ou deux qui ont une couleur de cheveux ou un rouge à lèvres légèrement différents. "Je recherche Stacey, sa copine qui parle français. Pour l'instant, je n’ai que la boîte vide", précise-t-il. Il connaît vraiment l’histoire de Barbie sur le bout des doigts (les mauvaises langues diront que c'est pour faire oublier l'autre, le Boucher de Lyon). 

J'apprends également, par sa bouche, et cela me comble car je suis féru d'histoire, que si la France a été la première à importer la poupée mannequin, ce n’est pas son seul fait d'armes. "Il y a eu des déclinaisons spéciales qu’il n’y a pas eu ailleurs, comme la Barbie/Chantal Goya dans les années 70, ou Ken/Johnny Hallyday dans les années 90". Révélation suprême en avant-première, son grand-père me confie alors sous le sceau du secret qu'une Barbie à l'effigie de Marion Maréchal Le Pen est dans les cartons mais qu'elle serait en stand-by dans l'attente d'une décision cruciale sur le design : faut-il ou non lui refaire les seins pour mieux toucher son cœur de cible ?… Grand Dieu ! Mais de LAQUELLE parle-t-il ?!!!

Pourtant je me souviens de cette déclaration admirative, il n'y a pas si longtemps : "Marion, c'est une Marine sans défauts". Et puis tellement femme quand elle poussait son landeau à la Manif pour tous et qu'elle chantait : "Des bébés par centaines, des poupons par milliers !" Sa copie-poupée parlera, j'en suis sûr. Je l'entends déjà s'écrier : "Allons faire les courses après l'école !" comme Stacey. Savez-vous que cette dernière disait aussi, mais en américain pour les bilingues : "Math class is tough!" ("Les math, c'est dur !") et que Mattel dut retirer la phrase de son répertoire sous la pression de l'Association américaine des femmes diplômées des universités (AAUW). Marion-Barbie a d'autres chats à fouetter que ceux de sa tante : "Vous croyez que je n'ai que la Présidentielle en tête ! Il faut d'abord que je fasse les courses après l'école, que je prépare le dîner et que je mette ma plus jolie robe pour accueillir Vincenzo, mon mari, quand il rentrera du boulot…"

 

Écrit en février de l'an 2022 du fin fond d'un EHPAD, quelque part en France

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