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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Je m'accuse…!

Je m'accuse d'avoir regardé un film sur France 2 où jouait Gérard Depardieu, Illusions perdues. Ce faisant, j'ai peur d'encourir les foudres du code pénal et d'être reconnu coupable de recel de plaisir pris à regarder un acteur accusé de viol mais présumé innocent (je sais, c'est un peu long mais je ne suis pas encore très familier avec le langage des prétoires et je me demande aussi comment on peut être sereinement présumé innocent quand une telle publicité est faite afin, je présume, de bousculer la justice) et pris en flagrant délit de remarques déplacées sur, notamment, de jeunes Nord-Coréennes… je ne sais si cette dernière précision est de nature à aggraver ou non son cas… il faudrait que je me renseigne auprès du ministère des Affaires étrangères car après tout, ne peut-on pas tout se permettre envers les ressortissants d'une dictature ? Non ? On peut s'en prendre aux idées mais pas au sexe… et pour Gérard ce ne serait pas la même chose ? Je m'explique : ne doit-on pas distinguer l'acteur de l'homme (ou inversement) ? Hitler aimait les bergers allemands. Doit-on pour autant détester les bergers allemands ? Ce qui ne veut pas dire pour autant que si on aime les bergers allemands c'est qu'on aime aussi Hitler… quoique… Et ces Nord-Coréennes comprenaient-elles les allusions de l'acteur puisque apparemment il n'en est resté qu'à ce stade préliminaire de son entreprise criminelle présumée ? Pas d'escalade donc comme s'y essaie le petit tondu qui dirige le pays en nous balançant des salves de missiles comme si c'était tous les jours le 14 juillet…

Je ne suis pas certain que l'auteur dont le film s'inspire, un certain Balzac, ne soit lui aussi sous le coup de quelque procès d'intention à propos de son rapport au sexe ou à tout autre aspect du monde, par exemple le négroisme ou quelque chose d'approchant… au fait, j'y pense… Pascal Nègre a-t-il enfin changé de patronyme ou de couleur de peau… je crois que les deux sont possibles… car enfin, n'est-ce pas de la provocation que de porter un tel nom ? Mais peut-être que sa position dans l'industrie du spectacle et toutes ces choses accessoires qui peuvent asseoir une réputation… enfin toujours est-il que je me fais un sang d'encre pour sa légion d'honneur, celle de Pascal Nègre s'entend, puisque Gérard a remis la sienne à la disposition de la ministre de la Culture. En fait, je crois qu'il s'en fout. Ce type est un pervers polymorphe énorme…

On voit donc que les choses ne sont pas si simples pour l'humble téléspectateur que je suis… Je regarde un film dont une scène reproduit un viol… aucun message ne m'avertit que ce viol est une reconstitution avec l'accord de l'actrice qui joue le rôle de la victime et que je peux donc me délecter… regarder sans crainte de contribuer à l'oppression “systémique” des femmes. Je regarde un film où Gérard Depardieu joue le rôle d'un éditeur du XIXème siècle qui vend des livres comme il vendrait des légumes (des navets, par exemple)… aucun message ne m'avertit que cet acteur est accusé de viol dans la vraie vie même si j'étais loin de penser à ça en le regardant jouer. Peut-être faudrait-il une pancarte comme pour les pédophiles aux États-Unis ou bien une crécelle comme pour les lépreux au Moyen Âge qui prévenaient ainsi de leur présence. Gérard serait ainsi condamné à jouer ad vitam dans Les Visiteurs. Cela dit, la coupe au bol lui va assez bien… 

À ce stade, je peux quand même invoquer pour ma défense que Balzac fut un féministe précoce puisque sa carrière d'écrivain reconnu commence en 1829 avec la publication de Physiologie du mariage. Il y montre une étonnante connaissance des femmes, qu'il doit sans doute aux confidences de ses amantes. Décrivant le mariage comme un combat, l'écrivain prend le parti du sexe faible (dit …) et défend le principe de l'égalité des sexes, alors mis en avant par les saint-simoniens. L'ouvrage remporte un grand succès auprès du public féminin. J'espère juste qu'il n'en a pas profité…

Mais voilà qu'au moment où je m'y attendais le moins Judith Godrèche me rappelle à l'ordre. Elle a écrit et réalisé une série en six épisodes où elle raconte son adolescence dans le milieu du cinéma, sous l’emprise d’un réalisateur de vingt-cinq ans son aîné (Benoît Jacquot). Elle déplore que “le système ne change pas” et affirme que le mouvement Me Too est “une bataille qu’il faut continuer de mener”. Renversant la perspective, elle s'imagine aujourd'hui à la place de son mentor : “Je vis dans un monde où si je me retrouve aujourd’hui adulte en face d’un garçon de 14, 15, 16, 17 ans et que je suis Judith Godrèche, toute la possibilité que j’ai d’avoir une emprise sur quelqu’un de plus jeune que moi… Mais même pas en rêve je touche cette personne ! Ce n’est pas possible ! C’est compliqué…” Et s'avoue dépassée : “C’est un monde que je ne comprends pas ! Je ne comprends pas son cerveau à lui (le réalisateur qui l'a révélée de trop près).

Moi aussi, je me serais fait volontiers le pygmalion de cette prometteuse beauté dans la fleur de son talent. Et même en m'entraînant, je ne parviens pas à me sentir coupable d'une telle pensée. Rassure-toi Judith, je ne me comprends pas moi-même mais je m'accuse comme si j'allais à confesse, le dimanche, avant d'aller picoler… Je sais, il ne faut pas non plus avoir une conception hygiéniste de la confession où il suffit d'enlever une tâche dès qu’elle apparaît. Porter son péché est aussi une expérience spirituelle… j'irai seulement picoler… avec Gérard… en Corée du Nord… à califourchon sur un missile… Yee Haw !!

 

Écrit en décembre de l'an 2023 

depuis le fin fond d'un EHPAD 

complètement à l'Ouest

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