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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Viva la (co)vida : nous sommes tous des Anonymous

Peggy Sastre que j'admire beaucoup non pas tant pour son prénom que pour son intelligence, a publié un article dans Le Point intitulé Le masque est-il une invitation aux crimes et délits ? Ainsi que le montre la psychologie clinique, nous sommes des délateurs innés (faudra-t-il revisiter à cette aune l'Occupation et réhabiliter tous les corbeaux anonymes qui ont décapité les colombes de la Résistance ?) et des laudateurs constipés. Je la cite : "Des expériences menées sur de très jeunes enfants montrent qu'ils caftent spontanément leurs camarades quand ceux-ci font de mauvais coups, mais jamais des bons. S'il est évidemment possible qu'un enfant en vienne à signaler la vertu d'un autre, c'est seulement parce qu'un adulte lui a explicitement demandé de le faire."

Notre morale se résumerait ainsi à cette belle et simple maxime "Pas vu, pas pris" ou pour ceux qui préfèrent l'original à la copie : "nous n'avons pas tant la bienveillance chevillée au corps que la peur d'être reconnus et punis si nous sommes malveillants – à part pour les quelque 1 % de psychopathes peuplant notre espèce."

Et notre conduite n'aurait pour seul maître que le regard des autres (les exhibitionnistes qui me lisent ont déjà les yeux qui reluisent) et la menace latente d'être exclu du cocon moutonnier sans lequel notre vie ne serait qu'une errance. Je bêle, je bêle et j'oublie de citer mon guide : "Selon d'autres recherches en psychologie expérimentale, il suffit que les humains se croient observés pour que leur prosocialité soit exaltée – et leur antisocialité inhibée. Lorsqu'ils pensaient leur réputation vulnérable, les participants à un jeu économique faisaient preuve de davantage de générosité que lorsqu'ils la croyaient protégée par l'anonymat."

Cette magie du regard opère même en l'absence d'un vrai regard. Pour ceux qui ne maîtrisent pas toutes les subtilités du langage, moi le premier, voilà l'original : "L'observateur n'a même pas besoin d'avoir un système nerveux fonctionnel pour que la magie opère : affichez deux gros yeux à côté d'un pot à pourboire dans un café et il se remplira plus vite d'ici la fin de la journée."

Si j'ai bien compris et dans le cas contraire je m'en excuse et m'engage à reprendre mes études là où elles avaient avorté, ne faut-il pas craindre, au vu de ces informations, que l'obligation du masque ne réveille les vocations criminelles qui sommeillaient paisiblement en nous ? Envahi par un pessimisme de mauvais augure, j'en suis même venu à douter de la sincérité de ceux qui, le soir, hurlent à l'unisson leur cri d'amour aux soignants. N'avez-vous pas remarqué qu'ils ne portent pas de masque ? Grâce à Peggy, j'en avais déduit qu'ils voulaient échapper à leurs démons, qu'ils étaient sur le chemin de la rédemption, conquis par le message de Notre Seigneur. Maintenant je doute. N'est-il pas plus facile, en effet, de jouer de la trompette ou de chanter quand on ne porte pas de masque ? Amen.

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