Journal d'un pangolin en vacances 28

Pourquoi le "privilège blanc" fait-il fureur chez l'élite culturel ? C'est un peu comme la queue du paon. Vous êtes vous demandés comment un tel oiseau pouvait échapper à ses prédateurs avec des plumes si encombrantes ? Simplement, il ne le peut pas. Seuls les très doués et les très forts y sont arrivés, sans compter l'aide d'humains aux goûts raffinés qui les ont mis à l'abri dans des jardins protégés.

Le professeur d'université blanc qui vit dans le sixième arrondissement, qui ne connaît que les Noirs qui balaient les trottoirs ou qui gardent sa progéniture, peut bien battre sa coulpe et s'humilier, cela n'aura aucun effet sur son plan de carrière, son logement ou la scolarité de ses enfants.

En revanche, là où les places sont chères, dans les usines ou les entrepôts, l'offre de logements sociaux limités, l'enseignement dégradé, personne n'a intérêt à reconnaître à l'autre, quelque soit sa couleur, un privilège qui le ferait reculer, lui le Bon Samaritain, dans la longue file d'attente des défavorisés en quête de maigres avantages. 

Le Bon Pangolin croyait, lui, que ses écailles le protégeraient indéfiniment. Il avait oublié l'homme qui apprécie particulièrement sa chair. S'il avait su, ils les auraient troquées contre des plumes de paon en revendiquant la même protection que ce volatile prétentieux et peu cuisiné.