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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

La fatwa de Houellebecq

J'ai un peu hésité sur le titre… Au départ, je pensais à "Houellebecq et la mort" mais ça sentait un peu trop la thèse de doctorat ou la fantaisie cocteaulique. Puis "Houellebecq et Dieu" et là j'aurais dû partager l'affiche (et les droits d'auteur) avec un théologien. "Houellebecq ou Dieu" m'a brièvement effleuré avant que ne m'arrête la crainte d'une mésinterprétation, certains risquant de prendre l'écrivain pour un gourou (je pense aux Gilets jaunes et à Francis Lalanne en particulier… ce dernier le voyant plutôt comme un concurrent) et moi pour un de ses vils zélateurs (cela dit, je ne connais pas sa position et il se peut qu'il m'eût chaleureusement remercié sur un papier à en-tête de l'Académie… quoi ! IL n'est pas encore académicien !).

Quant au contenu en revanche, c'est très clair : je voulais réagir (désolé, je force un peu le ton mais vu mon lectorat, ça ne dérange pas grand monde) à ses déclarations sur l'euthanasie (je veux dire, le suicide assisté : "Tiens bien la corde ! À trois je saute.")

Je le cite : "Lorsqu'un pays – une société, une civilisation – en vient à légaliser l'euthanasie, il perd, à mes yeux, tout droit au respect. Il devient dès lors non seulement légitime, mais souhaitable, de le détruire ; afin qu'autre chose, un autre pays, une autre société, une autre civilisation ait une chance d'advenir."

Je ne vais pas lui faire un procès d'intention (mes moyens financiers ne me le permettent pas) mais cette déclaration détonne comme l'appel au djihad d'un imam radical le vendredi soir au fond d'une cave et éclaire d'un jour nouveau son livre "Soumission". Il suffit de remplacer "euthanasie" par "blasphème" pour retrouver la logorrhée daeshieque (ou dae-chic pour les bobos parisiens casernés à bas coût dans des HLM municipaux).

Houellebecq serait-il un crypto-salafiste ? Car si l'on suit son raisonnement, il est permis de tuer un pays qui "tue" ses malades. Qu'est-ce cela sinon une fatwa ?

À ce point de l'exposé, je prends soudain conscience que je m'attaque au plus grand écrivain français vivant et mon sang se glace d'effroi en faisant entendre des craquements de banquise (je ne nie pas le réchauffement climatique mais, parfois, l'émotion submerge la raison). Et je sens que ce n'est pas bon pour mes intérêts littéraires, financiers et vitaux. Et je tremble que ne vienne mon heure comme certains professeurs, enfants juifs, policiers ou amateurs de concerts. 

C'est pourquoi, mon instinct de survie et moi effectuons un rétablissement digne d'un animateur télé sur C8 et appelons les parties (mais personne ne répond à ma voix) à revenir dans les limites d'un débat serein, empreint d'un profond respect et teinté d'une écoute mutuelle bienveillante.

Pour retrouver l'équilibre qui manque au débat, pourquoi ne pas aller chercher du côté d'un autre trésor du patrimoine national vivant, Jean-Marie Le Pen, afin qu'il me vienne en aide par média interposé. Voici comment, profitant de la paternelle considération qu'il sait prodiguer au bon peuple de France, je me plonge avec reconnaissance dans l'article du Figaro qui retrace l'évolution de sa position sur l'euthanasie.

Comme le rappelle le journaliste, en 2007, lors d'un entretien accordé à Famille chrétienne, Jean-Marie Le Pen avait déclaré être "moralement et philosophiquement partisan du respect de la vie du début jusqu'à la fin". Désormais, il estime que "sur ce sujet-là, nous aurions plus de scrupule que les balles de mitraillette qui entrent dans le ventre des jeunes gens dans les conflits militaires. Là on s'autorise tout, dans le fond, on considère que la mort est banale."

S'il n'a pas regardé de près la nouvelle loi proposée, Jean-Marie Le Pen rappelle que, dans le cas de maladies "irréversibles" et provoquant "des souffrances inouïes", une personne "doit avoir le droit sur sa vie". "C'est une responsabilité qu'elle prend à l'égard de ses convictions religieuses ou autre". Il s'oppose également à Michel Houellebecq. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, l'écrivain estimait qu'une "civilisation qui légalise l'euthanasie perd tout droit au respect". "Dire cela, c'est trop facile", estime ainsi l'ancien chef du parti d'extrême droite avant d'ajouter, "les gens qui n'ont pas vu souffrir ou qui n'ont pas souffert eux-mêmes des grandes souffrances physiques ignorent ces choses-là".

Et là je me dis : "Bon sang, mais c'est bien sûr !"... Car ce qui était étonnant c'était que le menhir de Saint-Cloud ait été contre l'euthanasie jusqu'à présent ! Quel homme d'extrême droite, en effet, peut être décemment contre l'euthanasie de masse ? L'euthanasie est une politesse que l'on fait aux malades, aux anormaux, aux éclopés, aux pestiférés, aux … (à compléter suivant ses détestations)

Je respirais. Tout était redevenu normal, apaisé, rassurant… L'euthanasie était à nouveau bénie et retrouvait sa place dans la boîte à outils des bienfaiteurs de l'humanité !

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