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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

Miss République

Dimanche dernier, je suis allé à Blain, chez des cousins. L'occasion de prendre une bonne bouffée de campagne et un shot d'optimisme serein, qui m'ont requinqué. J'ai été accueilli, dans l'ordre protocolaire, par mamie Jocelyne (nous sommes cousins mais, compte tenu de son âge, mamie me paraît plus respectueux), maman Ingrid (nous sommes cousins mais, compte tenu de son rôle, maman me paraît plus valorisant), Line (nous sommes cousins… ai-je encore besoin de le préciser ?). Je ne sais pas pourquoi, une montée de nostalgie, peut-être, je m'attendais à être accueilli comme lorsque j'accompagnais mon grand-père visiter les fermes dans les environs de Châteaubriant. À chaque visite, et il y en avait un certain nombre dans une journée, nous descendions d'abord à la cave pour goûter le cidre du maître de maison. Un verre en Pyrex était posé sur la bonde, l'hôte y versait un peu de cidre qu'il faisait tourner adroitement jusqu'à déchaîner un maelström. Après avoir tenu l'assistance en haleine comme s'il allait sortir un lapin, il jetait ce liquide qui avait seulement fait office de rince-verre. Ce geste auguste amorçait alors le chapelet des libations, chacun ayant pu constater que le verre avait été purifié selon la tradition. Une fois le cidre dégusté rapidement (à ma grande satisfaction car si faire du cidre était alors une obligation pour chaque famille comme fleurir son balcon aujourd'hui, qu'il soit bon ou mauvais n'avait aucune importance ; seule comptait la présence d'une barrique dans la cave, preuve d'appartenance à la civilisation de la pomme et de ses dérivés, y compris un calva qu'on appelle, simplement eau-de-vie ou goutte) tout le monde remontait dans la salle à manger pour déguster des biscuits LU et boire du vin (concession historique aux Romains qui nous firent découvrir ce breuvage qu'ils coupaient avec de l'eau, mais que nos ancêtres préférèrent boire sec pour montrer, mince consolation, qu'ils tenaient mieux l'alcool que leurs vainqueurs… d'où le nom dont on les baptisa : gall-eau-romains, qui veut dire : étrangers-à l'eau-mais romains… à l'époque, l'intégration tenait compte des différences). 

À Blain, j'ai eu droit au café sans gâteau, dans la cuisine… Mais je n'étais pas là pour me régaler, j'étais là pour féliciter Line. Line est devenue une célébrité depuis qu'elle a été élue Miss Pays de la Loire en septembre 2021. C'est sa tante Mathilde qui a planté la graine. L’idée a germé. Line s’est inscrite au concours de Miss Loire-Atlantique, au Gâvre, et s'est lancée dans la valse des élections. Alors que le monde de la mode lui était inconnu, elle s'est offerte aux flashs, y a pris goût, des marques lui ont fait les yeux doux. C’est tout un univers qu’elle découvre maintenant, à 19 ans, tout en poursuivant des études énergivores et chronophages. Dès l'âge de huit ans, elle voulait être pilote de ligne et s'astreint aujourd'hui à poursuivre sa deuxième année de prépa maths-physique. Ce qui veut dire qu'elle n'a pas choisi entre le Meccano et la poupée… elle a pris les deux ! Les blinoises ne doutent de rien et se préoccupent assez peu des donneuses de leçon.

Line est pleine de contradictions. Elle a un tempérament timide et sa décision de concourir a surpris. Mais comme le dit sa petite sœur, Romane : "Je suis certaine qu’elle va rester naturelle et pétillante. À mon avis elle va gagner en confiance et en maturité. Elle peut faire la différence justement grâce à ce naturel." C'est dire qu'on y croit !

D'ailleurs tout le monde à Blain est derrière la Miss. Quand je me suis promené dans la ville, connaissant mes liens avec la famille, des passants m'arrêtaient pour me parler d'elle. Par exemple, Marie-Claude : "Je la soutiens à 100 %. En tant que Blinoise de souche, je connais très bien sa mamie, Jocelyne, son papi et sa maman, Ingrid. Je suis très fière de Line, pour moi c’est la plus belle. Je pense que je vais rester devant ma télé et je voterai avec mon téléphone pour Miss Pays de la Loire. J’invite toute ma famille, mes amis à le faire." Ou encore son professeur de danse, Manuel : "J’ai eu Line pendant 6 ans en cours et elle vient encore de temps en temps quand elle a du temps. Je l’ai vu évoluer et beaucoup travailler. Elle avait du mal ​à assumer sa grande taille. Je l’ai poussée sans arrêt à aller plus loin, plus haut, plus fort. Ce serait une fierté qu’elle gagne, même si nous le sommes déjà, pour le pays de Blain et pour nous, au sein des Ballets Aldébaran." Et même le maire qui était en train de roder son discours : "C’est une première fierté d’avoir une Miss Pays de la Loire et s’en est une deuxième qu’elle soit à Miss France, nous la soutenons fortement. On ressent un très fort engouement de la population et des commerçants qui la soutiennent, c’est une fierté partagée ici à Blain. Nous espérons vivement qu’elle soit élue Miss France et, si c’est le cas, d’autres événements seront organisés par la suite. C’est une manière de mettre en avant la commune, surtout si elle est élue !"

Soudain, j'ai pensé à Valérie Pécresse… Je sais, je m'aventure sur un terrain glissant… et je me ferme sans doute les portes de l'Académie française. Car on va m'accuser de la réduire à son apparence… bien qu'à mes yeux, si ce critère devait décider de la suite, il la classerait très nettement au-dessus de ses dauphines… je veux dire, concurrentes. Non, Valérie, c'est la tête et les jambes, même si, par modestie, elle porte toujours un tailleur-pantalon.

À cet instant, je sens confusément converger vers moi les accusations de sexisme... Pris dans l'œil de la censure, je me sens comme une malheureuse cible dont l'avenir appartient déjà au passé… Alors que presque submergé par la honte, je m'apprête à sombrer, au loin, flottant à la surface de l'actualité, une bouée sera peut-être mon sauveur. Dans une interview au Point, Guilhem Carayon, patron des jeunes LR commente, se voulant louangeur : "Valérie Pécresse s’est imposée comme le barycentre de la droite." Ce mot, "barycentre" m'interpelle. Je dégaine mon dictionnaire (un Larousse amphibie). Définition : "Point G…" Je ne vais pas plus loin. Même dans ses propres rangs, Valérie est l'objet de remarques qui n'ont rien à voir avec la politique. Faut-il mettre cette allusion à caractère… je n'ose la qualifier… sur le compte de la fougue propre à la jeunesse ? 

Je conviens qu'avoir cartographié le plaisir féminin est un progrès indéniable. Mais ce point sensible doit-il vraiment figurer dans le débat présidentiel ? J'en appelle à Marlène Schiappa...

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