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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

L'abeille des villes et l'abeille des champs

Les écologistes sont de grands comiques… qui s'ignorent. Vous connaissez cette aimable plaisanterie : "Il faudrait construire les villes à la campagne, l'air y est plus sain". Et bien les éco-rigolos ont su la renouveler en toute innocence : "Il faudrait que les abeilles et les bourdons viennent se réfugier en ville à l'abri des ravages de l'agriculture intensive et de ses insecticides". Plus précisément, les auteurs en sont un couple de Nantais, venus se balader à Vallet, la capitale du muscadet, sous les feuillages, comme le relate Ouest-France. Leur promenade dominicale aurait pu combler ce besoin de verdure que ne leur offre pas encore totalement la grande ville, mais voilà qu'en baissant le regard, ils découvrent avec horreur un cimetière d'abeilles et de bourdons à leurs pieds. Ils se mettent aussitôt à quatre pattes afin de les compter et d'alerter le maire de la commune sur le danger des allées ombragées dans une petite ville.

"Le 11 juillet, alors que nous déambulions dans le parc de votre commune, nous avons remarqué de nombreux bourdons à terre, morts, dans l’allée qui borde les jeux pour enfants, et nous avons rapidement compris la cause en observant que l’allée était bordée de tilleuls argentés Tilia tomentosa"​. Le phénomène est apparemment bien connu des spécialistes mais mal expliqué, comme à peu près tout ce qui touche à la longévité des insectes pollinisateurs. Ainsi que le couple le précise, cette mortalité "a été observée dans plusieurs pays d’Europe occidentale. Mais cet effet ne semble pas connu dans son aire de répartition d’origine, l’est du bassin méditerranéen".

Pour asseoir leurs doléances sur des faits assurés, ces deux observateurs aguerris se mettent donc à compter le nombre d’insectes gisant sur l’allée. Ils en trouvent 360, "principalement des bourdons, mais aussi quelques abeilles domestiques et des scarabées Cétoine dorée"​. Un bilan, selon eux, bien en dessous de la réalité, le comptage étant impossible du côté pelouse. Mais, par un souci d'exhaustivité bien naturel, ils estiment à 700 le nombre d’insectes que l'herbe pourrait honteusement cacher. Sur la totalité de l’allée, le bilan s'élève donc ce jour-là à 1 400 homicides. "Ajoutons à cela de fortes précipitations la veille après-midi qui avaient raviné et nettoyé le sol de l’allée et donc, qui avaient sans doute fait disparaître une partie des animaux, mais dans une proportion inconnue. Et nous ne savons pas non plus combien de temps dure la floraison des tilleuls de cette allée à Vallet, mais si elle s’étale sur deux semaines, la présence au sol des insectes morts n’est sans doute quant à elle que de quelques jours (du fait de la décomposition, du nettoyage par les fourmis ou les oiseaux…)". Au final, toujours selon leurs calculs, ils considèrent que chaque année, dans ce parc, les tilleuls argentés tuent entre 2 000 et 3 000 bourdons, abeilles et autres insectes pollinisateurs. Et de conclure sur la fameuse sentence qui rappelle sans surprise le programme universel des écologistes : "Un comble lorsque l’on espère que ces animaux soient en ville à l’abri des ravages de l’agriculture intensive et de ses insecticides"​.

Car les écologistes ne conçoivent la vie qu'à la ville où, selon eux, s'est réfugiée toute l'intelligence du monde. Ou peut-être y voient-ils les arches de Noé qui sauveront demain la planète. En Italie, pays exemplaire, les sangliers ont déjà envahi Rome à l'invitation, semble-t-il, de la municipalité. "Au lieu d’être maire, [Virginia Raggi] a été essentiellement zoologiste. Des sangliers, des rats de la taille de labradors, des mouettes tueuses, nous avons tout vu", selon une opposante. Ce nouveau monde urbanisé ne tolère plus la voiture à l'intérieur de ses murs. Les façades végétalisées de ses immeubles en font une sorte d'Angkor précoce ou de Babylone promise. La nourriture y pousse sur les toits ou dans les catacombes… de véritables petits paradis sur plan. On se moquait des enfants qui croyaient que les poissons avaient la forme des bâtonnets panés qu'on leur servait à la cantine. Les écologistes qui ne veulent plus d'agriculture dans le paysage pensent que les légumes naissent spontanément dans les magasins bio et sur les balcons des voisins équitables. Je comprends mieux aujourd'hui pourquoi Mao a dû envoyer ses intellectuels à la campagne. Le riz commençait à manquer 

Et le muscadet dans tout ça, me direz-vous ! Chez qui a-t-il fait le plus de ravages ? Le couple ou le maire ? À mon avis, ce dernier tient la bouteille aussi bien que sa ville, à preuve sa réponse confiante et arborée au journaliste de Ouest-France : "Ces arbres sont plantés depuis 25 ans. C’est très bien que ces personnes soient sensibles à la nature et qu’elles viennent se promener à Vallet. Mais je passe plus régulièrement qu’elles dans ce parc et je n’ai jamais constaté une telle hécatombe. Nous avons également parfois des problèmes de débordement de poubelles et les abeilles ont très bien pu être contaminées à cause de ça. La volonté politique de Vallet ce n’est pas d’arracher les arbres mais de replanter. Nous allons en replanter 70 dans différents quartiers de la commune". On voit que rien n'est pourtant réglé. J'ai appris que les défenseurs labellisés de la nature s'étaient dotés d'une nouvelle arme : la personnalité morale. Ils veulent la donner aux forêts, aux fleuves, aux étangs… Va-t-il falloir en arriver à cette extrémité pour pouvoir porter plainte contre les tilleuls argentés ? Moi, à qui la répression fait horreur, je plaide pour qu'on éduque les abeilles afin de les convaincre d'éviter ces arbres qui ne leur veulent visiblement pas du bien.

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