Et pendant ce temps-là, hors d'Ukraine…

La France insoumise, toujours à la pointe de la contestation de classe… je veux dire : la contestation classe, au sens de classieuse… s'interroge sur la légalité de la mobilisation des hommes de 18 à 60 ans en Ukraine. Est-ce que la Constitution le prévoit, est-ce que le Parlement a délibéré ? Ce point est très important pour des gens de droit… de gauche. Car, afin que les équilibres géopolitiques ne soient pas ébranlés, il faut que l'Ukraine devienne soumise pour que la France reste insoumise. Ils voulaient porter plainte mais ils se sont ravisés… Après des débuts laborieux, il semble bien que Poutine soit sur le point de réussir son pari. Que la démission est douce…

Laurent Wauquiez, historien de renom et accessoirement homme politique, a traité Emmanuel Macron de "dictateur''. Il s'agit du seul élément de langage qu'il a retenu parmi tous ceux que lui ont soumis les têtes pensantes de son parti. Elle lui a plu par sa simplicité explicative. Cette soudaine humilité est miraculeuse de la part d'un esprit aussi brillant. Il a failli pleurer une fois seul et s'est senti obligé de défendre son choix coûte que coûte. Grâce à lui, on en a presque oublié Poutine. Par la suite, il reconnut que le terme était "inapproprié" selon une appellation importée d'Amérique. Étonnant tout de même, cette impulsivité chez un normalien… Comment a-t-il fait pour se concentrer sur ses études ?

Éric Zemmour, qui se tenait malgré tout au courant de cette sale guerre même si ce conflit se situe à la périphérie de ses préoccupations, n'en retint qu'une seule chose : aucun maréchal Pétain n'avait encore fait le don de sa personne et accepté la capitulation du pays. Il proposa donc ses services. La réponse peu amène qu'on lui fit le persuada que Poutine avait raison de mépriser les Ukrainiens et de les traiter en conséquence. Il se consola en offrant à Marion Maréchal un magnifique meeting d'accueil. "Te voilà enfin !" lui dit-il sans pouvoir retenir ses larmes. Le reste en découla naturellement : "Elle incarne l'avenir. Elle est jeune, incroyablement belle, et en plus enceinte ! Qui n'est pas séduit par une femme enceinte ? Par sa seule présence, elle prouve que Reconquête ! incarne l'avenir !" CQFD.

Emmanuel Macron serait l'un des derniers à pouvoir s'entretenir avec Poutine. Ces échanges sont certainement "constructifs", comme on dit en politique. Pour s'en assurer ou se rassurer, il suffit de consulter, dans le livre de Nicolas Sarkozy, Le Temps des tempêtes (éd. de l'Observatoire, 2020), les pages où il analyse finement la personnalité du dictateur. Il en déduit que son interlocuteur est difficile mais qu'il parviendra néanmoins à le convaincre si ce n'est à le manipuler… Le seul danger, selon lui, est de se laisser contaminer par un sentiment antirusse, en prêtant foi aux avertissements des pays de l'ancien bloc de l'Est. Ils sont évidemment les plus mal placés pour savoir ce à quoi on doit s'attendre d'ex-soviétiques camouflés en néo-russes… Extraits : "Il peut être accessible à la contradiction, écouter et surtout entendre à condition qu'il n'y ait aucune pression extérieure. [...] Il était attentif, courtois et direct. C'était vraiment facile d'engager le dialogue avec lui. Il ne se départait cependant pas d'une forme de réserve que je mettais alternativement sur le compte d'une certaine méfiance, qui est l'une des caractéristiques du président russe, et d'une sorte de timidité, que j'ai souvent observée chez lui. Il n'aime pas se mettre en scène. Il est plus mal à l'aise en public qu'en privé. [...] Je repartais de Moscou convaincu que Poutine serait un partenaire, certes incommode mais prévisible, et de parole. J'avais envie de travailler avec lui. Je voulais lui faire confiance, et que, dans la foulée, il m'accordât la sienne. J'étais en tout cas convaincu que l'on ne pourrait rien faire sans lui. J'étais, par ailleurs, bien décidé à ne pas me laisser phagocyter par une partie de l'Europe de l'Est dans une posture antirusse qui ne me semblait correspondre ni à nos intérêts ni à notre histoire commune." Amen !

Un autre son de cloche nous vient de Grande-Bretagne. La reine et son fils, rompant avec la neutralité constitutionnelle, viennent d'exprimer leur soutien à l'Ukraine. La visite officielle de Poutine à Londres en 2008 est un des pires souvenirs de la reine. Lors du café suivant le banquet à Buckingham Palace, elle lui avait présenté le ministre de l'Intérieur, David Blunkett, qui est aveugle. Son chien s'était mis à aboyer. Blunkett se confondit en excuses. En vain. L'invité d'honneur provoqua un incident diplomatique. Elizabeth II réconforta le ministre en lui affirmant que "l'instinct des chiens ne ment jamais". God Save the Queen !