RT : Winter is coming

Un Ricard pour le camarade, une vodka pour moi, s'il vous plaît !

À ta santé ! Tu sais quoi… c'est peut-être toi qui as raison… je veux dire avoir pris de l'avance en te faisant le propagandiste zélé des soviets sur Russia Today… D'ailleurs je commence à me poser des questions sur la capacité de résistance des Français… Regarde, si on prend les têtes d'affiche Zemmour, Mélenchon, Le Pen… ils se pâment devant Poutine… c'est quand même incroyable, quand on y pense, non ?!... À les écouter, ce sont des durs, parmi les plus agressifs des politiques français, et on les voit soudain bêler à l'unisson quand le tsar de la Russie et de toute l'Ukraine paraît… Remarque, c'était pareil avec Hitler dans les années 30… 

Le psychanalyste Jean-Pierre Winter le dit bien mieux que moi : "Les pacifistes sont souvent les suppôts des autocrates. Ce fut le cas pendant les années 1930 avec nos pacifistes pro-allemands ; après-guerre, avec nos pacifistes pro-communistes. Les pacifistes français se recrutent chez les haineux, intéressant, non ? Et après, ils nous font croire qu'ils sont du côté de la démocratie. Et plus de 40 % des Français vont voter pour eux. Poutine nous renvoie aussi à la France, à cette vérité sidérante."... Ouaih, je suis pas journaliste comme toi, mais à moi aussi il m'arrive de lire… Alors, si ce qu'il dit est vrai, on a 40 % des Français qui s'apprêtent à accueillir les envahisseurs avec des acclamations ! 

À ta santé…

Tu vois, je me dis que quelqu'un qu'on a fait chef, finit fatalement par se prendre pour un chef. C'est un peu comme un acteur… Et un acteur sans un texte n'est rien… c'est, pour ainsi dire, une cerise sans gâteau… Quand il a un texte, il peut changer un mot ici ou là si le réalisateur est sympa, mais le plus souvent, il s'exécute comme un bon soldat. Poutine, lui, n'a pas de texte ! Il doit aller chercher dans son cerveau étroit de kgébiste, ce qui pourrait lui donner les apparences d'un chef… Dans un premier temps, il a essayé la muscu, le judo puis est venu le cheval qui fut une étape décisive dans la progression de son délire ! Se rappelant sans doute les images qui ornaient les murs de son école primaire, il s'est alors pris pour Alexandre Nevski… La fièvre guerrière s'est emparée progressivement de son bulbe inférieur et il a cru que la grandeur était à sa portée. Comme dans un film d'Eisenstein, les rôles ont défilé sur l'écran sale de ses pensées : Ivan le Terrible, Pierre le Grand, Catherine II… oui il a parfois des pics de féminité (à moins que ce soit Parkinson), qu'il essaie de camoufler en prenant une grosse voix et en dégonflant ses pectoraux… Mais avec sa conquête laborieuse de l'Ukraine, il risque plutôt de finir comme Nicolas II…

D'ailleurs, dans la région on pratique beaucoup l'usurpation de rôle. Pourquoi, à ton avis, Erdoğan a-t-il livré des drones Bayraktar (fabriqués par son gendre) ? Parce que lui-même se prend pour Soliman le Magnifique et que, l'Ukraine, depuis des siècles, est le lieu où s'affrontent l'Empire russe et l'Empire ottoman…

Une autre vodka, s'il vous plaît !

Tu sais comme moi que, chez nous, ceux qui se prennent pour Napoléon ne trouvent un auditoire que dans les asiles ou à la sortie des meetings de Zemmour… en Russie et en Turquie, ils ont malheureusement un plus large public. En effet, quand Poutine déclare que la disparition de l'URSS est la plus grande catastrophe du siècle dernier, non seulement il en est convaincu, mais il n'est pas le seul, car s'il l'était, il aurait été interné.

Et je vais encore citer Jean-Pierre Winter, si tu permets… Finis ton verre on va s'en reprendre un autre ! Aujourd'hui, c'est moi qui joue au journaliste puisque que tu n'as plus la parole : "ce peuple, que l'on connaît bien grâce à Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski, a gardé son âme russe, même si c'est une illusion, elle permet une communauté de destin à laquelle ce peuple croit. Une âme russe identifiée à un empire où Poutine incarne la nostalgie du pouvoir autocratique, ancrée dans ce peuple. À cette idée de la grandeur, il faut accoler une valeur sacrée aux yeux des Russes qu'on oublie d'évoquer : la Terre Mère. Elle est aussi sacrée qu'en pays d'Islam, en raison de l'importance considérable de la paysannerie. Et elle a continué à être sacralisée au XXe siècle par les torrents de sang que les Russes ont versé pour la défendre. C'est une terre imbibée. On ne joue pas, on ne plaisante pas avec cette Terre Mère. Où s'arrêtent les limites ? C'est toute la question de l'Ukraine."

En parlant de terre imbibée, qu'est-ce que tu attends pour finir ton verre ! On n'a pas la nuit !