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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

L'homme descend du singe…

Jusque-là, j'avais tendance à considérer, comme tout hominidé qui se respecte, que cette proposition était à sens unique.

Or, après une longue réflexion qui aurait sans nul doute permis à Rodin de sculpter son Penseur à partir d'un modèle plus crédible (il a dû se contenter d'un fort des Halles analphabète… un anhallephabète), je suis parvenu, d'abord, au bord de l'asphyxie, stade suprême de l'intellectualisme que je n'ai pu dépasser d'extrême justesse qu'en reprenant avidement mon souffle (ce qui ne m'arrange pas car on m'a récemment diagnostiqué une tendance à l'apnée paroxystique durant mon sommeil ; certes, de ce fait, mon bilan carbone est extrêmement satisfaisant mais ne l'est qu'aux dépens de mes cellules grises ; je dois donc me dépêcher de délivrer mon message avant que le gris ne vire au noir) pour crier Eurêka ! comme un nouveau-né qui aurait opportunément trouvé le sens de la vie en sortant du ventre de sa mère, la tête la première. 

Car, l'évidence qui m'a soudain sorti du confort moral où je me lovais, encouragé sans doute dans cette paresse par la conception prétentieuse de l'homme que le christianisme a répandu pendant deux millénaires, était la suivante : qu'on s'en félicite ou qu'on le déplore, la gymnastique artistique est bien une tentative de retrouver le singe en nous. 

En effet, la diminution de la longueur des doigts par rapport à celle du pouce tout au long de l’évolution des hominidés, a favorisé la préhension d’objets sur le sol au détriment de l’ascension aux arbres et du balancement de branche en branche. De nos jours, les gymnastes cherchent donc à retrouver le singe qui sommeillait en eux, soit qu'ils aient définitivement abandonné l'idée de parvenir à un stade plus avancé de l'hominisation, soit qu'ils anticipent un retour à l'état primitif après avoir vu la Planète des singes ou une conférence de Poutine dans un bunker de l'ère soviétique.

J'ajouterai, dans un souci d'exhaustivité et d'internationalisation du débat, que l'émission Ninja Warrior sur TF1 n'est pas non plus de nature à freiner leur désir d'élévation, pas plus que la vogue des parcours d'accrobranche ou les gîtes ruraux perchés dans les arbres où un Tarzan du Loir-et-Cher fait sa cour à une étudiante en socio de Nanterre, tatouée, piercée et les tempes rasées.

Sauf que…

… comme toujours, la réalité dépasse la fiction. On a trouvé, il y a quelque temps, un plus vieil hominidé que Lucy, la fille adoptive d'Yves Coppens, dont l'âge, 3,2 millions d'années, faisait déjà blêmir Jeanne Calment morte à 122 ans. Ardi, c'est son petit nom, a fait exploser les compteurs : elle affiche, du haut de son 1,20 mètre, 4,4 millions printemps. 

Son squelette, découvert en 1992 mais dont la reconstitution a pris dix-sept ans, donne de nouveaux indices pour résoudre une ancienne énigme : les ancêtres communs aux hommes et à nos plus proches cousins actuels, les chimpanzés et les bonobos, ressemblaient-ils davantage à des singes qu'à des humains ?

Ardi ne ressemblait pas plus à un chimpanzé qu'à un homme moderne. Avec ses longs bras, elle devait être à l'aise dans les arbres mais son bassin et ses pieds rigides étaient ceux d'une marcheuse. Cependant, sa voûte plantaire n'étant pas arquée, elle ne devait pas pouvoir courir et les pouces étaient opposables, comme chez les chimpanzés et à la différence de Lucy.

Avec ses mains plus fines que celles des chimpanzés, Ardi devait avoir des gestes plus précis et, les paléontologues en sont sûrs, ne s'appuyait pas sur ses phalanges pour marcher à quatre pattes, comme le font les grands singes. Par ailleurs, ses canines étaient déjà petites alors qu'on pensait ce caractère plus récent dans la lignée humaine. Son cerveau était plus volumineux que celui des chimpanzés (entre 400 et 550 cm3, contre 350 environ).

Le tableau final montre donc un animal moins bien adapté que les chimpanzés à la vie arboricole. Ardi vivait dans mais aussi autour des arbres, qui devaient être pour elle un refuge contre les prédateurs et une chambre à coucher où elle faisait peut-être des nids, à la manière des chimpanzés actuels.

Conclusion : nous descendons plus d'Ardi que du singe et Ardi, elle-même, pourrait descendre d'un ancêtre présentant des caractères déjà humains (bipédie affirmée, main plus agile, gros cerveau). Et les singes auraient fait bande à part en renonçant à leurs attributs humains car ils ne croyaient pas en l'avenir du genre humain…

En l'état des connaissances actuelles, seuls les gymnastes descendent du singe.

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