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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

🎵 Mon Légionnaire 🎵

Bevet Breizh ! On ne doit pas introduire de signes religieux à l'école d'où l'interdiction de l'abaya. Il fut un temps où il ne fallait pas non plus y introduire la langue… Rien de scabreux dans mon propos, je fais seulement allusion à la langue bretonne dans le cas présent (mais, à toutes fins utiles, j'avertis que je ne m'interdis rien… pas de ligne rouge, donc, comme le patron). Les enseignants se livraient alors à un petit jeu humiliant basé sur la délation, dont certains élèves vicieux savaient faire bon usage. Voici un exemple vécu par un Breton : “J'ai souvent été puni avec monsieur Robin. Il avait un petit morceau de bois qui était verni d'un côté et sur lequel était gravé au fer rouge, en grand : BRETON. J'avais souvent le BRETON car à la dernière récréation de l'après-midi, je me faisais souvent avoir par un grand qui me posait une question en breton et, machinalement, je répondais en breton. Aussitôt, celui qui possédait le BRETON me le donnait et je devais rester après la classe à recopier des lignes : “Je ne parlerai plus jamais breton”.

Une précision… C'était l'époque où beaucoup de Bretons ne parlaient pas français et ne le découvraient qu'à l'école. Imaginez donc un espace où vous ne pouviez plus parler, comme dans une bibliothèque de nos jours (l’exemple ne vaut que pour ceux qui savent lire… vous en faites partie mais l'espèce est en voie de disparition), sous peine de vous voir infliger une punition. Peut-on imaginer des enfants privés de langage quand ils jouent dans une cour ? Des sourds-muets à la rigueur, des muets tout court peut-être (j'évoque cette possibilité même si je dois avouer que je n'aime pas qu'on fasse les choses à moitié…)... Je sais, le langage des signes n'est pas fait pour les singes mais quand vous avez les mains occupées à autre chose, je serais vraiment curieux de savoir comment vous faites…

Quand j'étais scolarisé à Brest… il y a un certain temps, ce n'était plus les enfants qui parlaient breton, c'étaient les maîtres… Comme quoi : chassez le naturel, il revient au galop… au gallo.

Le risque, à regretter cette bretonnitude d'opérette et à se réfugier dans un onanisme régional, c'est de faire le lit des parlers exogènes, venus principalement d'Afrique, et leurs versions dégradées dont les éructations d'Aya Nakamura donnent un aperçu… un entendu…

On devait bien se douter que notre stratège du “en même temps” saisirait l’occasion d'accommoder à sa sauce, l'idéal universaliste olympien. Quelle belle idée de faire chanter par une argotique (à ne pas confondre avec l'art gothique) une chanson d'Édith Piaf ! Loin de m'associer aux polémiques que suscite cette avancée culturelle d'un autre temps… des colonies, peut-être (pas celles de Pierre Perret mais celles de Michel Sardou… Honi soit qui Mali pense)... j'y vois un retour aux sources ou une continuité… 

Lorsqu'elle commence à se produire, elle est presque analphabète… je parle d'Édith Piaf. Elle a vécu, enfant, dans le bordel que tenait sa grand-mère paternelle, a très peu fréquenté l'école… toujours Édith. Puis elle commence à suivre son père, qui est contorsionniste et un assez sale type (avoir un père doublement tordu vous aide sûrement à vous forger un destin). On imagine une petite môme assez espiègle, qui reprise les chaussettes et tend le chapeau, comme dans La Strada de Federico Fellini.

Édith a beaucoup travesti la réalité. Elle a ainsi menti sur son comportement pendant l'Occupation ce qui lui a permis d'obtenir, à la Libération, la mention "pas de sanction et félicitations" ! Au lieu de se contenter de dire qu'elle avait été obligée d'aller chanter en Allemagne pour apporter un peu de réconfort aux prisonniers français, elle a fait croire que plus de 100 prisonniers s'étaient évadés grâce à elle (prisonniers dont on n'a évidemment pas de trace et qui ne se sont jamais manifestés). Les salles où elle se produisait étaient pleines d'uniformes nazis. Elle a vécu deux ans dans un bordel fréquenté par les Allemands et les miliciens de la rue Lauriston toute proche. Elle y était bien chauffée, buvait du champagne, mangeait du caviar, recevait ses amis... Sartre, à l'époque, ne se posait pas plus de questions qu'elle et faisait jouer ses pièces avec l'accord de l'Occupant. Il semble n'avoir pas trop mal vécu cette période même si, comme d'autres Français, il a pu souffrir de la faim et que celle-ci pouvait se faire insistante faute d'un plat de résistance à tous les repas. On peut donc considérer que la Résistance s'est refusée à lui sans qu'il en fasse tout un plat…

Ce qu'il y a d'étonnant avec Piaf, c'est qu'on la présente comme une artiste populaire alors que rien dans son attitude ne révèle une quelconque fibre populaire. Dès qu'elle en a eu les moyens, elle s'est installée sur la rive droite, dans les beaux quartiers. Elle n'aimait pas la foule…

Dans les années d'après-guerre, on a aussi fantasmé sur son histoire d'amour avec le boxeur Marcel Cerdan. On en fit un mélo shakespearien où le Roméo encaissait sans broncher mais disparut bien avant sa Juliette dans un accident d'avion. Édith Piaf l'adorait parce qu'il était grand, beau, et qu'elle le gérait comme un enfant. Ce fut un parmi d'autres qui eurent d'ailleurs de belles carrières grâce à elle… on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre.

Dans ses interviews pour la presse, ses propos sont retranscrits en phrases ampoulées, interminables, pleines d'imparfaits du subjonctif, aux antipodes de sa véritable façon de parler ! Aya Nakamura ne bénéficie pas de ce traitement de faveur à l'heure du direct et du X (je parle du cloaque où on se soulage en lâchant des tweets et pas du porno que je respecte)… qui s'en soucie, d'ailleurs.

En privé, lorsque Édith Piaf est avec sa bande, elle se laisse aller, traîne jusqu'à 4 heures du matin en vieux peignoir, à chanter et à boire. Elle est nature, très mal embouchée mais drôle. Elle semble donc en avance sur les temps à venir… 

Elle aime aussi jouer les séductrices, au point de s'inventer des amants jusque tard dans sa vie. C'est une façon de dire : "j'ai peut-être l'air d'un vieux débris, mais je séduis toujours, et je vous emmerde"... Aya Nakamura peut encore jouer les prolongations…

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