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Y'en a vraiment qui débloguent...

Journal de bord d'un navigateur du web. Commentaires sur l'actualité, la société, la politique, les femmes, le sexe, l'âge, la vie...

C'est Zem que j'aime (1)

Tout avait bien commencé. L'ascension de ce petit homme qui ne représentait jusque-là que lui-même, devenait soudain une de ces épopées dont seule la France a le secret. En écrivant ces quelques mots, j'ai le sentiment d'avoir participé à l'Histoire, une Histoire encore fraîche dont je ne prétends pas être le chroniqueur le plus objectif car j'ai vécu ces moments dans la ferveur et l'abnégation. On me reprochera aussi, sans doute, de céder à la théorie du Grand Homme que Thomas Carlyle a défendu au XIXème siècle mais contre laquelle Herbert Spencer et Léon Tolstoï ont émis de sérieux doutes. L'un prétendait que les Grands Hommes font l'Histoire et les deux autres que l'Histoire résulte du mouvement brownien qui agite l'humanité, le leader n'étant qu'un homoncule parmi les autres, auquel toute vision d'ensemble échappe pareillement. L'intelligence collective dont on nous rebat aujourd'hui les oreilles appartient à cette seconde conception. 

Mais comment ne pas être tenté de le comparer rétrospectivement à un Napoléon, un Boulanger ou un de Gaulle ? Et même pourquoi pas une Jeanne d'Arc, ne serait-ce que pour complaire au féminisme survolté qui agite dangereusement une des moitiés du genre humain depuis quelques saisons mais aussi parce que le parti à qui il a volé la vedette s'en est abondamment réclamé. La virilité d'Éric Zemmour n'en souffrira pas car nous savons aujourd'hui que les femmes voient en lui le nouveau sex-symbol qui éveille leurs nuits. Sans parler des hommes qui l'envient et le craignent.

Le charisme d'un Grand Homme dépasse le seul champ politique mais il ne faudrait pas en déduire que sa conquête du pouvoir est uniquement motivée par le désir de plaire. Pourtant, Zemmour nous avait mis la puce à l'oreille (droite de préférence) quand il avait commenté les escapades sexuelles de cet autre Don Juan politique, qu'on a souvent ridiculisé (Fraise des bois, Guimauve le Conquérant, Flanby, Capitaine de pédalo) mais qui poursuivait, jovial, son petit bonhomme de chemin dans les cœurs, au sens large, de ces dames. Car aussi inattendu que cela puisse paraître, c'est un hommage qui sortit de sa plume : "Tous nos rois affichèrent leurs maîtresses comme signe de puissance et de magnificence. Nos deux empereurs firent aussi honneur à leur rang. Dans la longue lignée de nos monarques, des deux seuls à qui on ne connut pas d’aventure, l’un finit en saint, et l’autre sur la guillotine. Cela ne donne pas envie."

Plus surprenant encore, bien qu'y entre peut-être le plaisir taquin de choquer ses lecteurs, cette réhabilitation de DSK (prémonitoire d'une certaine façon, au vu de ses propres démêlés avec la presse à scandale) : "Dans une société traditionnelle, l’appétit sexuel des hommes va de pair avec le pouvoir. Les femmes sont le but et le butin de tout homme doué qui aspire à grimper dans la société. DSK, menottes derrière le dos entre deux cops new-yorkais, marchant tête baissée, c’est un renversement de mille ans de culture royale et patriarcale française. C’est une castration de tous les hommes français. Le séducteur est devenu un violeur, le conquérant un coupable."

L'envie donc guidait désormais le Grand Homme. Son quotidien n'était plus cette grisaille où l'abstinence avait réglé une vie quasi monacale.

En août 2021, quand il fit sa rentrée politique à l’université d’été d’Objectif France à Mirabeau, dans le Vaucluse (faut-il y voir un signe qui le placerait sous le patronage de cet autre géant, le comte de Mirabeau, "l'Orateur du peuple", le député du tiers-état, celui qui a dit : "On ne connaît pas toute la puissance de ma laideur") il confirma son "envie" de se porter candidat au scrutin présidentiel et son ambition d’unir les droites. Puis il s'autorisa à exprimer cette sensation de puissance que le cercle sans cesse élargi de son audience faisait grossir, assurant déjà que "les candidats à la primaire de la droite ont peur de moi" mais regrettant, avec un sentimentalisme de corps de garde, l’absence de Laurent Wauquiez avec lequel il "partage beaucoup" d'idées.

J'aurais voulu être là pour le consoler mais Sarah Knafo campait déjà à ses côtés avec la séduction que seule une énarque peut apporter à un homme qui a raté deux fois le concours d'entrée à l'École Nationale d'Administration (imaginez Sade dans la même situation…). Quelle revanche ! L'école s'était refusée à lui et voilà que l'une de ses plus belles plantes l'adoubait. Je suis sûr qu'au début, il a résisté par dépit croyant ainsi punir l'institution qui l'avait rejeté. Mais elle a su le prendre par le bon bout et à force de douceur et d'insistance, le délivrer de toute cette rancœur accumulée.

La photo volée par Paris Match se veut équivoque. Sur une mer étale, Éric s'élève hors de l'eau tel un Neptune gracile, le torse dressé vers Sarah dont seule la tête écumante émerge. L'explication de ce décalage est simple : elle veut l'empêcher de marcher sur l'eau avant qu'il ne se déclare. L'électorat catholique lui est acquis, il faut donc économiser les miracles et ratisser plus large en dissimulant sa part de sacré.

Car cet élan avait, à l'époque, quelque chose de mystérieux… je parle de celui qui agitait les sondages. Une force irrésistible poussait l'ancien journaliste vers un destin plus grand et le petit monde politique commençait à trembler. On sentait une peur moite embrumer les consciences. À droite et au-delà, bien sûr puisqu'on s'était déjà cru à l'orée du pouvoir. Mais à gauche aussi où la perspective d'un combat qui rappellerait peut-être les grandes heures de la Résistance, excitait et effrayait à la fois. L'angoisse grandissait dans le cœur des universitaires qui n'en était plus à se demander "pourquoi le PS recueille si peu d'intentions de vote ?", mais bien "comment peut-on adhérer à la vision d'un tel candidat qui n'en est pas un, au demeurant ?" Car, vous le savez sans doute, le cœur et, malheureusement l'esprit des universitaires penche à gauche. Mais vous serez surpris d'apprendre que cette orientation cache une motivation plus prosaïque : l'argent. Au fait, que veut dire "être à gauche" ? Ça se résume bien souvent aux épouvantails habituels qu'ont dressés, à grand renfort d'ouvrages, les économistes atterrants : capitalisme, libéralisme, mondialisation, marché, pour l'essentiel. Leur parcours scolaire et leur milieu professionnel incitent les universitaires à penser que ce sont les meilleurs qui doivent gouverner. Le diplôme ne peut être, à leurs yeux, que le seul critère d'appréciation de la valeur individuelle. On comprend dès lors que, pour eux, la hiérarchie des revenus dont l'économie de marché s'accommode, soit un véritable scandale ! Comment accepter que des footballeurs soient largement mieux payés que des agrégés de philosophie ?

Je ne suis pas certain, même si cette confidence me gêne, que Zem les désapprouverait.

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