Les moustiques sont vos amis

Les moustiques, ce qu'ils aiment, c'est trouver un peu de protéines dans leur bol de sang de la même façon que vous aimez, vous, trouvez un peu de viande dans votre soupe. Si vous ne voulez pas qu'ils vous piquent, c'est très simple, faites-vous végétarien… Bon, ils vous piqueront quand même un peu, histoire de voir si la soupe est encore bonne, avant de vous rayer définitivement de la liste des restaurants conseillés par leur Gault et Millau. Le passe sanitaire c'est pareil, il attend que le virus se pince le nez. Ce qui arrive quand, après être entré dans votre corps par une porte dérobée en se léchant les babines, l'intrus en ressort tout aussitôt, dégoûté. Le passe vous raie alors illico de la liste des mauvais Français qui font de la résistance contre le gouvernement d'Occupation nationale. C’est dans votre intérêt. Ne cherchez pas la petite bête, faites-vous piquer ! Vous pourrez alors voter pour Christiane Taubira, Jean-Luc Mélenchon ou Éric Zemmour… c'est à peu près pareil… et vous vous sentirez beaucoup mieux.

Et s'ils gagnent contre toute attente, tant mieux, ce sera un bonus ! Ne vous inquiétez pas pour moi… J'ai toujours rêvé d'être collabo comme Céline pour améliorer mon style ou d'être dissident comme Soljenitsyne pour être invité par de Villiers à tremper mon mouchoir dans le sang des Vendéens. Je suis de votre côté. Ma compassion, mon empathie vous sont acquises. Et si ça ne suffit pas, pensez à ce que vous accomplissez pour la science ! Vous lui abandonnez votre corps, votre corps sacré fait sur le modèle de Dieu… sans les anticorps contre le Covid, bien sûr… Vous avez l'impression de vous être fait avoir ? C'est du commerce avant tout. Le corps sacré, c'était le produit d'appel… sans les options, bien entendu. Dieu… que son nom soit sanctifié… a un contrat avec Pfizer. Je sais qu'en vous révélant cette info je mets ma vie en danger. Car vous pensez bien qu'avec Dieu, personne ne peut bénéficier du statut de lanceur d'alerte, IL sait tout et vous suit à la trace partout où vous pensez avoir trouvé une protection ! Je pourrai peut-être essayer Erdogan ou Poutine, comme Gérard Depardieu qui devrait vraiment se faire vacciner contre la… Il est en surpoids et ça n'a pas l'air de l'infecter… de l'affecter… enfin, les deux. Il est même allé chez Kim Jong-un en Corée du Nord, à l'invitation de Yann Moix, si je me souviens bien.

"La Corée du Nord est un ailleurs qu'il ne possède pas encore dans sa collection. Cela tombe bien : soixante-dix ans, c'est également son âge. Nous fêterons là-bas deux anniversaires, celui du pays le plus fermé et celui du génie le plus ouvert", avait écrit Yann Moix dans Paris Match, qui l'avait envoyé en Corée du Nord en tant qu'envoyé spécial.

C'était en 2018. Et depuis, les choses ont changé, on comprend mieux pourquoi. 

"On croit les connaître et finalement on n'en connaît absolument rien. Les voir mêlés l'un à l'autre était une expérience absolument hors norme. Pourquoi? Parce que j'ai vu se fissurer le logiciel nord-coréen à mesure que Gérard pénétrait dans le pays".

Voilà pourquoi les missiles n'atteignent jamais leur cible malgré les tentatives répétées du leader coréen. Gérard a déréglé la balistique tel un brise-glasnost. Si je fais appel à mes cours de physique du primaire, selon les lois de la gravité, une masse importante peut dévier la trajectoire d'une étoile. Là, on a deux étoiles qui tentent de s'embrasser et qui ne parviennent qu'à se repousser comme des sumos.

Apparemment, Gérard est reparti mais Yann est resté. Il a trouvé une famille, des gens comme lui. Laurent Ruquier a de la chance, il sait désormais qu'il a un vivier, là-bas, en Corée du Nord. 

"A travers un pays quand même totalement opaque, dans un régime totalement inique, vous voyez quand même des êtres humains qui ne demandent qu'une chose : connaître l'extérieur, jouer, faire l'amour, rire. Ce sont des êtres humains comme les autres. Et cette humanité-là, au bout de trois voyages, je pensais toujours ne pas y avoir accès. Et grâce à Gérard qui a fissuré ces codes, j'ai vu des êtres humains qui me ressemblaient. Pour la première fois, [j'ai vu] des êtres qui cessaient d'être des faciès opaques et fermés pour s'ouvrir comme des fleurs"

Où faut-il aller chercher l'amour quand on est désespéré… Mais ce qui lui a gâché son plaisir à Yann, ce sont les journalistes, évidemment… Il les fuit maladroitement comme une diva

"Dès l'arrivée à l'hôtel, c'est l'hystérie : tous les journalistes présents, ainsi qu'un amas de mouches mauves, encerclent Gérard et bourdonnent. Chacun, sans égards, tente de se découper dans la viande de la bête sa petite portion de lard : obtenir un mot, même creux, une photo, même ratée. Ils sont abasourdis. Ils étaient venus voir le Grand Leader, ils tombent sur le Grand Depardieu. C'est fromage et dessert. Gérard s’énerve : 'Ah non! Pas eux ! Pas ici ! Pas là'."

Yann, lui, ne mange pas de ce pain-là, c'est un viandard. Il a bien pensé à rentabiliser un petit peu l'affaire... à croire que c'est lui qui payait la chambre d'hôtel de Gérard et ses frais de bouche... Mais sans trop y croire, sans en avoir l'air. Il l'avait bien précisé sur France Inter… juste un petit documentaire de voyage aussi mince qu'un attaché-case qui attend qu'on lui remplisse le ventre.

"C'est de manière tacite que je l'ai fait, je ne lui ai pas demandé l'autorisation [...], il n'a pas dit ni oui ni non, j'ai filmé, il n'a rien dit".

Je vous l'avais bien dit : c'est comme les moustiques. Tant que vous ne faites rien, ils vous piquent. À vous de prendre les choses en main.